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Ce texte est issu du numéro sur les fake news du magazine « manière de voir ». Frédéric Lordon, économiste,
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décrit les limites de la notion de fake news et déplore qu’elle soit au centre de l’attention alors qu’elle
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n’est pas éclairante pour les débats politiques.
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« […] [Selon les journalistes « fact-checkeur »], les populations écumantes de colère se mettent
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à croire n’importe quoi et n’importe qui. Au fait, pourquoi en sont-elles venues ainsi à
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écumer de colère, sous l’effet de quelles causes, par exemple de quelles transformations économiques, comment en sont-elles
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arrivées au point même de se rendre aux pires mensonges? C’est la question qu’il ne vient pas un instant à
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l’idée du journalisme «fact-checkeur» de poser.
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[…]
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La philosophie du fact-checking, c’est
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que le monde n’est qu’une collection de faits […], que les
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faits ne mentent pas, et qu’ils suffisent à décrire le monde.
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C’est également qu’il n’y a plus rien à discuter, hormis des vérités factuelles.
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[…]
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des faits correctement établis ne seront jamais le terminus de
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la politique mais à peine son commencement, car des faits n’ont jamais rien dit
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d’eux-mêmes, rien! Des faits ne sont mis en ordre que par un travail de médiations.
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Ils ne font sens que saisis du dehors par des croyances, des idées,
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des interprétations, bref, quand il s’agit de politique.[…] »
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