Cœur charbon

le rimmel qui tag les murs

s'écoule

Grenoble le rideau de pluie est lourd

et un instant il m'a parut t'arrêter

ça me ferait le plus grand bien

si ça tombait encore

des siècles d'eau claire

enfin s'abattant en ruisseaux

une trace de doigts

marque légèrement ma peau

un rayon d'ombre barre mon front

et au travers de ce temps engourdi

je traîne mon âme

j'aspire une goulée d'air

et la ville m'envahit

des cristaux de son charbon

se logent entre mes dents

-

yeux grands ouverts

qui fixent la ville immobile en contrebas

que voyez-vous ?

les phares qui peinent à percer le jour

les victimes blotties

de ce millième de drame

les fuyants urbains qui ont déjà oublié

quel goût a un jour d'été.