A un ami (1)
02.11.2014
1. S'il est seulement de bonne constitution d'âme
que de s'insinuer ainsi en l'autre,
j'aime à me savoir seul – sans toi ni personne
alors que tous les étaux se resserrent
alors que le marteau file à l'enclume
et que mes pavillons se hérissent déjà au grondement.
2. Ami, qu'es-tu ? Ainsi prélassé aux portes
de mon irritable peau à vif, de mes
yeux rougis pas le sable ardent, pourtant,
pourtant tu ne semble être qu'un, pourtant
tu m'attise sans larme, tu me vise sans lame et
aussi – tu dors au cœur des contradictions
comme un sourire sur la face hargneuse du monde.
3. Le temps viendra où les yeux se baisseront.
Le temps viendra où tous les Icares brûleront leurs ailes.
Le temps viendra, et les joubarbes me recouvreront,
mais je pense que toi, vénérable et infantile,
jamais tu ne te vaporisera.