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content/01/cartopraphie.md
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Title: Cartographie
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Author: ravages
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Date: 12/04/2023
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@ -20,24 +20,36 @@ Doublement enfants, les MNA du foyer sont souvent en partie privés de leur auto
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**P:** Non, je lui ai même pas dit que c’est pas bon, que je n’aime pas, je lui ai même pas dit, parce que M. lui avait déjà dit qu’il aimait pas, il a gouté et il a arrêté de manger, donc j’ai mangé pour qu’il soit plus à l’aise, j’ai mangé avec beaucoup de sel et après j’ai eu mal au ventre, mais c’est passé. Depuis L. a fait d’autres plats. Même aujourd’hui il a fait une blanquette de veau, parce qu’on est allé regarder le match de foot et y’avait personne pour faire la cuisine, donc c’est lui qui nous a préparé la sauce.
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**P:** Non, je lui ai même pas dit que c’est pas bon, que je n’aime pas, je lui ai même pas dit, parce que M. lui avait déjà dit qu’il aimait pas, il a gouté et il a arrêté de manger, donc j’ai mangé pour qu’il soit plus à l’aise, j’ai mangé avec beaucoup de sel et après j’ai eu mal au ventre, mais c’est passé. Depuis L. a fait d’autres plats. Même aujourd’hui il a fait une blanquette de veau, parce qu’on est allé regarder le match de foot et y’avait personne pour faire la cuisine, donc c’est lui qui nous a préparé la sauce.
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[Pendant que P. parle, X, un autre jeune accueilli, pose une cagette de provisions sur la table du salon.]
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[Pendant que P. parle, X, un autre jeune accueilli, pose une cagette de provisions sur la table du salon.]
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**R:** T’as ramené quoi sur la table ?
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**R:** T’as ramené quoi sur la table ?
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**X:** Ça, ça vient des Restos du Coeur. Depuis qu’on l’a pris aux Restos du Coeur personne ne l’a mangé. Ça, c’est pareil. Ça, c’est de la crème fraiche, tu peux la jeter. J’ai fait une liste mais personne n’a acheté ce que j’ai demandé. On peut parler des courses ? Concernant les courses, y’a quelques éducateurs qui font comme s’ils étaient chez eux. Par exemple, un jour on a fait une liste, et quand l’éducatrice est arrivée elle a laissé la liste qu’on avait écrit et elle a acheté ce qu’elle voulait, et maintenant il parait qu’il nous reste plus assez de budget, mais elle, elle a acheté ce qu’elle voulait, de la crème fraiche, du café, pourtant il y avait déjà du café, mais elle en a racheté au lieu d’acheter ce que nous on avait écrit. Elle a acheté ce qu’elle voulait, parce que c’est elle qui fait les courses ici. Y’a beaucoup de choses qu’ils achètent [les éducateurs], bon, si t’achètes et que tu fais la cuisine pour nous, si on t’a dit que c’est bon, alors on peut accepter, mais si on mange pas ce que tu cuisines, c’est pas acceptable.
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**X:** Ça, ça vient des Restos du Coeur. Depuis qu’on l’a pris aux Restos du Coeur personne ne l’a mangé. Ça, c’est pareil. Ça, c’est de la crème fraiche, tu peux la jeter. J’ai fait une liste mais personne n’a acheté ce que j’ai demandé. On peut parler des courses ? Concernant les courses, y’a quelques éducateurs qui font comme s’ils étaient chez eux. Par exemple, un jour on a fait une liste, et quand l’éducatrice est arrivée elle a laissé la liste qu’on avait écrit et elle a acheté ce qu’elle voulait, et maintenant il parait qu’il nous reste plus assez de budget, mais elle, elle a acheté ce qu’elle voulait, de la crème fraiche, du café, pourtant il y avait déjà du café, mais elle en a racheté au lieu d’acheter ce que nous on avait écrit. Elle a acheté ce qu’elle voulait, parce que c’est elle qui fait les courses ici. Y’a beaucoup de choses qu’ils achètent [les éducateurs], bon, si t’achètes et que tu fais la cuisine pour nous, si on t’a dit que c’est bon, alors on peut accepter, mais si on mange pas ce que tu cuisines, c’est pas acceptable.
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**R:** Et vous allez jamais faire les courses vous-mêmes?
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**R:** Et vous allez jamais faire les courses vous-mêmes?
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**P:** Bien sûr, avant on allait faire les courses une fois par semaine, mais depuis le mois du Ramadan on a arrêté. Seulement hier on est retourné faire des courses, on est parti tous les trois, on a fait une liste, et un éducateur nous a dit qu’on n’avait plus de budget et qu’on devait faire attention. Quand on est allé au supermarché on a compté. J’ai dit à l’éducateur qui était venu avec nous, trente-cinq euros pour finir le mois, on ne peut pas acheter tout ce qu’on veut, donc j’achète, et si le budget finit tu dis au chef que ce mois-ci on a dépassé le budget, pour qu’il puisse compter sur le mois prochain. Il a dit « non, je vais me faire engueuler par le chef ». Moi j’ai laissé le chariot sur place et je suis rentré à la maison. En rentrant il m’a crié dessus, il m’a dit que je m’étais mal comporté avec lui.
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**P:** Bien sûr, avant on allait faire les courses une fois par semaine, mais depuis le mois du Ramadan on a arrêté. Seulement hier on est retourné faire des courses, on est parti tous les trois, on a fait une liste, et un éducateur nous a dit qu’on n’avait plus de budget et qu’on devait faire attention. Quand on est allé au supermarché on a compté. J’ai dit à l’éducateur qui était venu avec nous, trente-cinq euros pour finir le mois, on ne peut pas acheter tout ce qu’on veut, donc j’achète, et si le budget finit tu dis au chef que ce mois-ci on a dépassé le budget, pour qu’il puisse compter sur le mois prochain. Il a dit « non, je vais me faire engueuler par le chef ». Moi j’ai laissé le chariot sur place et je suis rentré à la maison. En rentrant il m’a crié dessus, il m’a dit que je m’étais mal comporté avec lui.
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**X:** Ici on a 150€ par mois pour la nourriture, par personne [ils sont six], et à part Z. qui amène sa nourriture à la maison, les autres ils mangent ce qu’il y a dans le frigo. Si quelqu’un vient et ne cuisine pas, il ne devrait pas manger avec nous. Mais si la personne cuisine, elle peut manger avec nous, c’est donnant donnant. Est-ce que vous êtes ici pour cuisiner ou est-ce que vous êtes ici pour manger notre argent ? S’ils cuisinent ça peut aller. Quand L. a dit qu’on n’avait plus d’argent ça m’a étonné, parce qu’on n’est pas allé faire les courses depuis le Ramadan, c’est les éducateurs qui amènent à manger. On n’a pas pu acheter pour 900€ de nourriture en deux semaines, c’est pas possible.
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**X:** Ici on a 150€ par mois pour la nourriture, par personne [ils sont six], et à part Z. qui amène sa nourriture à la maison, les autres ils mangent ce qu’il y a dans le frigo. Si quelqu’un vient et ne cuisine pas, il ne devrait pas manger avec nous. Mais si la personne cuisine, elle peut manger avec nous, c’est donnant donnant. Est-ce que vous êtes ici pour cuisiner ou est-ce que vous êtes ici pour manger notre argent ? S’ils cuisinent ça peut aller. Quand L. a dit qu’on n’avait plus d’argent ça m’a étonné, parce qu’on n’est pas allé faire les courses depuis le Ramadan, c’est les éducateurs qui amènent à manger. On n’a pas pu acheter pour 900€ de nourriture en deux semaines, c’est pas possible.
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**R:** Est-ce que vous allez aussi au Secours Populaire ou aux Restos du Cœur pour les courses ?
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**R:** Est-ce que vous allez aussi au Secours Populaire ou aux Restos du Cœur pour les courses ?
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**P:** Avant on partait, quand le budget de la nourriture c’était 900 euros, on partait chaque mercredi, et quand ils ont ajouté 100 euros sur le budget, ce qui fait 1000 euros, on nous a dit qu’on n’allait plus aller là-bas. J’ai dit d’accord. Jusqu’à présent personne n’est retourné là-bas parce que la déci-sion vient du chef. Nous on ne peut plus rien dire. On a même fait deux jours, il n’y avait plus rien dans le frigo, on a parlé avec l’éducateur, il a dit qu’il pouvait pas aller faire les courses. Alors j’ai fait en sorte qu’on puisse avoir à manger, je crois que c’était la pomme de terre que j’avais fait, j’ai cuit les pommes de terre avec les œufs, c’est ça que j’ai fait à manger. Il n’y avait pas de poulet, il n’y avait pas de riz, pas de couscous. Même j’ai parlé avec le directeur ici, à la réunion, il a dit qu’on pouvait faire une liste de courses mais ce que les éducateurs achètent on est obligé de l’accepter. Il dit « si tout à l’heure L. part acheter de la crème fraîche, et si toi tu n’aimes pas, tu le manges quand même, c’est un plat français. »
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**P:** Avant on partait, quand le budget de la nourriture c’était 900 euros, on partait chaque mercredi, et quand ils ont ajouté 100 euros sur le budget, ce qui fait 1000 euros, on nous a dit qu’on n’allait plus aller là-bas. J’ai dit d’accord. Jusqu’à présent personne n’est retourné là-bas parce que la déci-sion vient du chef. Nous on ne peut plus rien dire. On a même fait deux jours, il n’y avait plus rien dans le frigo, on a parlé avec l’éducateur, il a dit qu’il pouvait pas aller faire les courses. Alors j’ai fait en sorte qu’on puisse avoir à manger, je crois que c’était la pomme de terre que j’avais fait, j’ai cuit les pommes de terre avec les œufs, c’est ça que j’ai fait à manger. Il n’y avait pas de poulet, il n’y avait pas de riz, pas de couscous. Même j’ai parlé avec le directeur ici, à la réunion, il a dit qu’on pouvait faire une liste de courses mais ce que les éducateurs achètent on est obligé de l’accepter. Il dit « si tout à l’heure L. part acheter de la crème fraîche, et si toi tu n’aimes pas, tu le manges quand même, c’est un plat français. »
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**R:** Et vous en pensez quoi quand ils vous disent des trucs comme «Il faut manger français, c’est important pour votre intégration» ?
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**R:** Et vous en pensez quoi quand ils vous disent des trucs comme «Il faut manger français, c’est important pour votre intégration» ?
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**P:** On peut manger des plats, de la nourriture française, quand nous sommes arrivés c’est ce qu’on mangeait, puisqu’on n’avait pas commencé à préparer nous-mêmes à manger. C’est les éducateurs qui préparent à manger, mais nous aussi on veut essayer de faire des trucs, laissez-nous tranquillement faire notre truc, on se met à l’aise et ça passe. Nous on veut juste pouvoir faire nos courses, et eux [les éducateurs] ils sont là pour signer les reçus, même pas pour payer avec leur argent, pour signer le reçu seulement. Après on revient à la maison. C’est ce qu’on veut.
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**P:** On peut manger des plats, de la nourriture française, quand nous sommes arrivés c’est ce qu’on mangeait, puisqu’on n’avait pas commencé à préparer nous-mêmes à manger. C’est les éducateurs qui préparent à manger, mais nous aussi on veut essayer de faire des trucs, laissez-nous tranquillement faire notre truc, on se met à l’aise et ça passe. Nous on veut juste pouvoir faire nos courses, et eux [les éducateurs] ils sont là pour signer les reçus, même pas pour payer avec leur argent, pour signer le reçu seulement. Après on revient à la maison. C’est ce qu’on veut.
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**R:** Y’a d’autres choses que vous n’avez pas le droit de faire ici ?
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**R:** Y’a d’autres choses que vous n’avez pas le droit de faire ici ?
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**P:** Un jour un ami m’a envoyé de la semoule de manioc, que nous on appelle en Côte d’Ivoire de l’attiéké, qu’on mange beaucoup avec la main, jamais avec une cuillère, même les riches ils mangent avec la main. Ce jour-là j’ai fait de l’attiéké, avec des haricots, des œufs, et on a mangé avec A. [un jeune pris en charge par l’association]. On était à l’aise, on mangeait, et moi mon plat était un peu caché, parce qu’un éducateur était là mais il voyait pas, et quand il est rentré dans la cuisine il a vu A., et il a commencé à dire « Mais qu’est-ce que tu fais ? » Moi je parlais pas, je mangeais, et l’éducateur a commencé à crier sur A., « Les gars ça se fait pas ici, on n’a pas le droit de manger avec la main. » Il a continué à parler, mais moi à un moment j’ai pris la parole et on s’est engueulé. Il a dit « et si Emmanuel Macron il arrive tout à l’heure, est-ce que tu mangeras avec la main? » J’ai dit « il est où Emmanuel Macron? Je sais que la France c’est pour toi, mais la Côte d’Ivoire c’est pour moi, je mange avec la main, tu peux pas me forcer à manger avec une cuillère », parce qu’on est chez nous ici, même si c’est pas chez nous, on dort ici, on mange ici, on fait tout ici, donc c’est chez nous. Il me dit « Et si on te voyait dans un restaurant ? » Je lui dis « Déjà moi j’aime pas aller dans les restaurants, j’aime pas, je préfère manger chez moi, à l’aise, tranquille, je bois mon eau et j’ai fini. » Avec un repas au restaurant ça me fait deux semaines de courses à la maison, donc chez moi c’est mieux. Après d’autres éducateurs sont arrivés et nous ont dit qu’on ne pouvait pas manger avec la main. Nous on a dit, « quand on mange, allez dans le bureau, fermez le bureau, et laissez-nous manger dans la cuisine. Vous êtes là pour travailler avec nous, pas pour venir faire votre loi comme vous faites avec vos enfants. » Ca s’est passé comme ça avec eux. Après le chef est venu, il a essayé de nous obliger à manger avec une cuillère ou une fourchette, il a dit « parce que quand vous allez commencer votre apprentissage, vous allez manger avec des collègues, et si vous mangez avec votre main... » J’ai dit « Déjà j’ai pas encore commencé l’apprentissage, et quand je commence, si je vois que tous mes amis ont des cuillères, moi aussi je vais prendre une cuillère, je vais pas manger devant eux avec ma main. Mais ici je suis chez moi c’est pour ça que je mange avec la main. » Si j’ai envie de manger avec ma main, je mange avec ma main. Tout est comme ça ici. Hier j’ai dit au nouvel éducateur, « Ici je vis dans une petite prison. Je vis dans une petite prison. »
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**P:** Un jour un ami m’a envoyé de la semoule de manioc, que nous on appelle en Côte d’Ivoire de l’attiéké, qu’on mange beaucoup avec la main, jamais avec une cuillère, même les riches ils mangent avec la main. Ce jour-là j’ai fait de l’attiéké, avec des haricots, des œufs, et on a mangé avec A. [un jeune pris en charge par l’association]. On était à l’aise, on mangeait, et moi mon plat était un peu caché, parce qu’un éducateur était là mais il voyait pas, et quand il est rentré dans la cuisine il a vu A., et il a commencé à dire « Mais qu’est-ce que tu fais ? » Moi je parlais pas, je mangeais, et l’éducateur a commencé à crier sur A., « Les gars ça se fait pas ici, on n’a pas le droit de manger avec la main. » Il a continué à parler, mais moi à un moment j’ai pris la parole et on s’est engueulé. Il a dit « et si Emmanuel Macron il arrive tout à l’heure, est-ce que tu mangeras avec la main? » J’ai dit « il est où Emmanuel Macron? Je sais que la France c’est pour toi, mais la Côte d’Ivoire c’est pour moi, je mange avec la main, tu peux pas me forcer à manger avec une cuillère », parce qu’on est chez nous ici, même si c’est pas chez nous, on dort ici, on mange ici, on fait tout ici, donc c’est chez nous. Il me dit « Et si on te voyait dans un restaurant ? » Je lui dis « Déjà moi j’aime pas aller dans les restaurants, j’aime pas, je préfère manger chez moi, à l’aise, tranquille, je bois mon eau et j’ai fini. » Avec un repas au restaurant ça me fait deux semaines de courses à la maison, donc chez moi c’est mieux. Après d’autres éducateurs sont arrivés et nous ont dit qu’on ne pouvait pas manger avec la main. Nous on a dit, « quand on mange, allez dans le bureau, fermez le bureau, et laissez-nous manger dans la cuisine. Vous êtes là pour travailler avec nous, pas pour venir faire votre loi comme vous faites avec vos enfants. » Ca s’est passé comme ça avec eux. Après le chef est venu, il a essayé de nous obliger à manger avec une cuillère ou une fourchette, il a dit « parce que quand vous allez commencer votre apprentissage, vous allez manger avec des collègues, et si vous mangez avec votre main... » J’ai dit « Déjà j’ai pas encore commencé l’apprentissage, et quand je commence, si je vois que tous mes amis ont des cuillères, moi aussi je vais prendre une cuillère, je vais pas manger devant eux avec ma main. Mais ici je suis chez moi c’est pour ça que je mange avec la main. » Si j’ai envie de manger avec ma main, je mange avec ma main. Tout est comme ça ici. Hier j’ai dit au nouvel éducateur, « Ici je vis dans une petite prison. Je vis dans une petite prison. »
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@ -18,6 +18,8 @@ Quant à celles et ceux qui ont le malheur d’arriver tout droit de plus loin
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Fiction juridique, la frontière n’en est pas moins réelle pour celles et ceux qui la traversent chaque jour sans la bonne couleur de peau, ou à défaut les bons papiers. Et si elle reste une construction historique relativement récente, c’est dans le registre de l’universel que la frontière puise sa légitimité, jusqu’à devenir une évidence territoriale, une sorte de sens commun dans la manière dont nous envisageons l’espace. Pourtant, et c’est ce qui nous intéresse dans la partie suivante, les frontières n’ont rien de naturel, et leur adéquation avec certains traits de paysage – comme les rivières ou les montagnes – est elle aussi une fabrication nationale.
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Fiction juridique, la frontière n’en est pas moins réelle pour celles et ceux qui la traversent chaque jour sans la bonne couleur de peau, ou à défaut les bons papiers. Et si elle reste une construction historique relativement récente, c’est dans le registre de l’universel que la frontière puise sa légitimité, jusqu’à devenir une évidence territoriale, une sorte de sens commun dans la manière dont nous envisageons l’espace. Pourtant, et c’est ce qui nous intéresse dans la partie suivante, les frontières n’ont rien de naturel, et leur adéquation avec certains traits de paysage – comme les rivières ou les montagnes – est elle aussi une fabrication nationale.
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### FRONTIÈRES SYNTHÉTIQUES
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### FRONTIÈRES SYNTHÉTIQUES
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Au XVIIe siècle le mot « frontière désignait une ligne de front, celle qui se tenait face à l’ennemi, peu importe que celui-ci se trouve au milieu ou en périphérie d’un territoire donné. La « frontière » délimitait une zone de défense. C’est au siècle suivant que frontières militaires et frontières nationales ont commencé à coïncider, dans les écrits officiels comme dans ceux des Lumières, qui s’évertuaient alors à ancrer la nation dans un territoire propre. Bien souvent c’est dans le paysage que les philosophes allaient piocher pour donner à la nation ses limites. Pour Rousseau ou Montesquieu, la nature avait établi sur Terre les frontières idéales de la France et des autres Etats : le Rhin, les Pyrénées et les Alpes fournissaient à la jeune nation française des limites toutes trouvées. C’est la Révolution, autrement dit, qui nationalisa l’idée d’une frontière dite naturelle, et naturalisa celle des frontières nationales.
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Au XVIIe siècle le mot « frontière désignait une ligne de front, celle qui se tenait face à l’ennemi, peu importe que celui-ci se trouve au milieu ou en périphérie d’un territoire donné. La « frontière » délimitait une zone de défense. C’est au siècle suivant que frontières militaires et frontières nationales ont commencé à coïncider, dans les écrits officiels comme dans ceux des Lumières, qui s’évertuaient alors à ancrer la nation dans un territoire propre. Bien souvent c’est dans le paysage que les philosophes allaient piocher pour donner à la nation ses limites. Pour Rousseau ou Montesquieu, la nature avait établi sur Terre les frontières idéales de la France et des autres Etats : le Rhin, les Pyrénées et les Alpes fournissaient à la jeune nation française des limites toutes trouvées. C’est la Révolution, autrement dit, qui nationalisa l’idée d’une frontière dite naturelle, et naturalisa celle des frontières nationales.
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@ -9,6 +9,8 @@ Nombreuses sont les personnes qui osent tout de même la traversée, par voie te
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Au paroxysme de cette politique migratoire violente et violatrice des droits les plus fondamentaux se trouve le recours quasi systématique aux refoulements, ou « pushbacks ». Pour répondre à nos questions sur cette pratique, nous avons contacté Marion, avocate au Legal Centre Lesvos (LCL) en Grèce.
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Au paroxysme de cette politique migratoire violente et violatrice des droits les plus fondamentaux se trouve le recours quasi systématique aux refoulements, ou « pushbacks ». Pour répondre à nos questions sur cette pratique, nous avons contacté Marion, avocate au Legal Centre Lesvos (LCL) en Grèce.
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**Ravages: ** Depuis quand les pushbacks existent-ils en Grèce ?
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**Ravages: ** Depuis quand les pushbacks existent-ils en Grèce ?
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**Marion :** C’est une pratique bien connue depuis le début des années 2000 à la frontière terrestre dans le nord de la Grèce. Pour les renvois en pleine mer, avant 2020 c’était plus rare, on avait seulement connaissance de quelques épisodes isolés. Une fois la pandémie [de COVID] déclarée, les autorités grecques en ont profité pour instaurer cette nouvelle pratique de refoulements illégaux et clandestins. Avec des durcissements législatifs successifs du droit d’asile survenus en parallèle, c’est clairement devenu la norme.
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**Marion :** C’est une pratique bien connue depuis le début des années 2000 à la frontière terrestre dans le nord de la Grèce. Pour les renvois en pleine mer, avant 2020 c’était plus rare, on avait seulement connaissance de quelques épisodes isolés. Une fois la pandémie [de COVID] déclarée, les autorités grecques en ont profité pour instaurer cette nouvelle pratique de refoulements illégaux et clandestins. Avec des durcissements législatifs successifs du droit d’asile survenus en parallèle, c’est clairement devenu la norme.
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@ -31,9 +33,12 @@ Les personnes refoulées de la sorte vers la Turquie se retrouvent sans papiers,
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**M : ** On a déjà entendu la commissaire à l’Union européenne Yvla Johansson dire que la Grèce doit être « le bouclier de l’Union ». Elle réagit toujours après les publications d’articles accablants sur le sujet des pushbacks en Grèce, mais au final rien ne bouge et rien ne change. Donc pour le Legal Centre Lesvos, c’est évident que l’Union européenne valide ces pratiques, autant par le manque de positionnement clair que par le financement direct attribué aux opérations aux frontières. Chaque année, des millions d’euros sont alloués pour les interventions aux frontières en bateaux, drones, radars, caméras infrarouge, caméras thermiques et autres technologies toujours plus sophistiquées… Et tout cela sans compter l’argent dédié à l’agence Frontex5 ! C’est donc difficile de croire que l’UE n’est pas complice... L’argument de l’Etat souverain gardien de ses frontières a alors souvent bon dos pour dire que c’est aux Grecs de ré-agir, mais l’Union Européenne demeure en grade partie le trésorier de ces pratiques. Ces politiques sont donc indirectement payées par nous toustes...
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**M : ** On a déjà entendu la commissaire à l’Union européenne Yvla Johansson dire que la Grèce doit être « le bouclier de l’Union ». Elle réagit toujours après les publications d’articles accablants sur le sujet des pushbacks en Grèce, mais au final rien ne bouge et rien ne change. Donc pour le Legal Centre Lesvos, c’est évident que l’Union européenne valide ces pratiques, autant par le manque de positionnement clair que par le financement direct attribué aux opérations aux frontières. Chaque année, des millions d’euros sont alloués pour les interventions aux frontières en bateaux, drones, radars, caméras infrarouge, caméras thermiques et autres technologies toujours plus sophistiquées… Et tout cela sans compter l’argent dédié à l’agence Frontex5 ! C’est donc difficile de croire que l’UE n’est pas complice... L’argument de l’Etat souverain gardien de ses frontières a alors souvent bon dos pour dire que c’est aux Grecs de ré-agir, mais l’Union Européenne demeure en grade partie le trésorier de ces pratiques. Ces politiques sont donc indirectement payées par nous toustes...
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**R: ** Quelle est la stratégie du Legal Centre Lesvos, en sachant que votre terrain d’action est celui du plaidoyer et du combat juridique ?
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**R: ** Quelle est la stratégie du Legal Centre Lesvos, en sachant que votre terrain d’action est celui du plaidoyer et du combat juridique ?
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**M : ** Les actions intentées devant les tribunaux nationaux grecs étant systématiquement classées sans suite, sans que des enquêtes indépendantes et sérieuses ne soient menées, nous avons été for-cé.es de saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) pour tenter d’obtenir une prise de position officielle d’une institution, et surtout une réparation pour les victimes. 32 demandes, incluant deux cas représentés par le Legal Centre Lesvos, ont été communiquées à la Grèce en décembre 2021, et sont actuellement en attente d’une décision. D’autres plaintes ont été déposées mais n’ont pour l’instant toujours pas été étudiées, malgré les preuves déposées, sans que nous sachions pourquoi. L’argumentaire juridique dans ces cas est majoritairement basé sur l’article 2 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme – mise en danger de la vie d’autrui – , l’article 3 – traitements inhumains, dégradants et tortures –, et l’article 5 – détention arbitraire. La Grèce est le seule pays de l’Union européenne qui n’a jamais ratifié le protocole 4 de la Convention consacrant le principe d’interdiction des refoulements et l’interdiction des expulsions collectives – ce qui, de fait, exclu une condamnation sur ce seul fondement.
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**M : ** Les actions intentées devant les tribunaux nationaux grecs étant systématiquement classées sans suite, sans que des enquêtes indépendantes et sérieuses ne soient menées, nous avons été for-cé.es de saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) pour tenter d’obtenir une prise de position officielle d’une institution, et surtout une réparation pour les victimes. 32 demandes, incluant deux cas représentés par le Legal Centre Lesvos, ont été communiquées à la Grèce en décembre 2021, et sont actuellement en attente d’une décision. D’autres plaintes ont été déposées mais n’ont pour l’instant toujours pas été étudiées, malgré les preuves déposées, sans que nous sachions pourquoi. L’argumentaire juridique dans ces cas est majoritairement basé sur l’article 2 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme – mise en danger de la vie d’autrui – , l’article 3 – traitements inhumains, dégradants et tortures –, et l’article 5 – détention arbitraire. La Grèce est le seule pays de l’Union européenne qui n’a jamais ratifié le protocole 4 de la Convention consacrant le principe d’interdiction des refoulements et l’interdiction des expulsions collectives – ce qui, de fait, exclu une condamnation sur ce seul fondement.
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Nous espérons une « décision position » de la CEDH, mais ne sommes tout de même pas certains que cela mènera à une amélioration de la situation aux frontières. Dans d’autres affaires, nous avons déjà vu la Cour justifier les pratiques de refoulement en invoquant le fait que les personnes en migration doivent utiliser les « points d’entrée officiels » pour demander l’asile. Cet argument est toutefois inopérant : le deal signé entre l’UE et la Turquie est justement fait pour que les Turcs retiennent les personnes exilées sur leur territoire et les empêchent de venir en Europe. Ces points d’entrée, c’est pour les touristes et les achats de cigarettes moins chères, aucune chance d’y demander l’asile. La plupart des plaignant.es que nous représentons ont depuis réussi à migrer dans d’autres pays de l’UE et ont été reconnu.es réfugié.es là-bas. Il est primordial de continuer de dénoncer ces méthodes illégales aux frontières malgré la pression accrue sur les ONGs et le monde militant. La Turquie et la Grèce instrumentalisent au maximum le sujet chacune de leur côté. En Turquie, certaines institutions publient et dénoncent le traitement grec des personnes en migration. Elles tentent de calculer le nombre de pushbacks et déplorent publiquement que la Grèce financée par l’UE gère si mal ses frontières. La Grèce quant à elle, dans son discours affirme qu’il s’agit de la propagande d’Erdogan. La vieille rengaine entre les deux pays… et pendant ce temps rien ne change! Il faudra certainement encore des années d’investigations et de dénonciation pour arriver à faire bouger la pratique, si une autre, encore plus dramatique, n’est pas inventée d’ici là. La prochaine piste à explorer est de tenter de faire qualifier les pushbacks en tant que crimes contre l’humanité, et de se battre sur le terrain pénal.
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Nous espérons une « décision position » de la CEDH, mais ne sommes tout de même pas certains que cela mènera à une amélioration de la situation aux frontières. Dans d’autres affaires, nous avons déjà vu la Cour justifier les pratiques de refoulement en invoquant le fait que les personnes en migration doivent utiliser les « points d’entrée officiels » pour demander l’asile. Cet argument est toutefois inopérant : le deal signé entre l’UE et la Turquie est justement fait pour que les Turcs retiennent les personnes exilées sur leur territoire et les empêchent de venir en Europe. Ces points d’entrée, c’est pour les touristes et les achats de cigarettes moins chères, aucune chance d’y demander l’asile. La plupart des plaignant.es que nous représentons ont depuis réussi à migrer dans d’autres pays de l’UE et ont été reconnu.es réfugié.es là-bas. Il est primordial de continuer de dénoncer ces méthodes illégales aux frontières malgré la pression accrue sur les ONGs et le monde militant. La Turquie et la Grèce instrumentalisent au maximum le sujet chacune de leur côté. En Turquie, certaines institutions publient et dénoncent le traitement grec des personnes en migration. Elles tentent de calculer le nombre de pushbacks et déplorent publiquement que la Grèce financée par l’UE gère si mal ses frontières. La Grèce quant à elle, dans son discours affirme qu’il s’agit de la propagande d’Erdogan. La vieille rengaine entre les deux pays… et pendant ce temps rien ne change! Il faudra certainement encore des années d’investigations et de dénonciation pour arriver à faire bouger la pratique, si une autre, encore plus dramatique, n’est pas inventée d’ici là. La prochaine piste à explorer est de tenter de faire qualifier les pushbacks en tant que crimes contre l’humanité, et de se battre sur le terrain pénal.
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@ -34,6 +34,8 @@ La mise en spectacle de l’hospitalité et des maraudes crée d’autre part un
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Comment alors faire exister des récits qui permettent l’émancipation des personnes en exil, et démontent les structures racistes ? A l’évidence, la première chose à faire est de rendre visible la ségrégation raciste que produit la frontière, et que les autorités cherchent à cacher. Reste ensuite à imaginer, et diffuser, des imaginaires territoriaux qui favorisent l’émergence d’espaces et de structures sociales émancipatrices.
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Comment alors faire exister des récits qui permettent l’émancipation des personnes en exil, et démontent les structures racistes ? A l’évidence, la première chose à faire est de rendre visible la ségrégation raciste que produit la frontière, et que les autorités cherchent à cacher. Reste ensuite à imaginer, et diffuser, des imaginaires territoriaux qui favorisent l’émergence d’espaces et de structures sociales émancipatrices.
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### ON NE DIT PAS DES HERBES SAUVAGES QU’ELLES FORMENT DES FORÊTS !?[^4]
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### ON NE DIT PAS DES HERBES SAUVAGES QU’ELLES FORMENT DES FORÊTS !?[^4]
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L’idée que tout le monde puisse circuler et s’installer où bon lui semble peut paraître aussi absurde que le titre de cet article. Pourtant, l’expérience montre qu’il peut exister des structures sociales et des modes d’organisation collectifs qui permettent aux personnes exilées d’être dans une posture d’acteur.ices et de regagner de l’autonomie. Des structures dans lesquelles la notion « d’étranger.e » ne fait que peu de sens et celle de « personne accueillie » est rapidement remplacée par celle de « cohabitant.e » ou de « voisin.e ». Comment seulement faire que ces possibles émancipateurs remplacent les conceptions racistes dans les imaginaires et les récits territoriaux ?
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L’idée que tout le monde puisse circuler et s’installer où bon lui semble peut paraître aussi absurde que le titre de cet article. Pourtant, l’expérience montre qu’il peut exister des structures sociales et des modes d’organisation collectifs qui permettent aux personnes exilées d’être dans une posture d’acteur.ices et de regagner de l’autonomie. Des structures dans lesquelles la notion « d’étranger.e » ne fait que peu de sens et celle de « personne accueillie » est rapidement remplacée par celle de « cohabitant.e » ou de « voisin.e ». Comment seulement faire que ces possibles émancipateurs remplacent les conceptions racistes dans les imaginaires et les récits territoriaux ?
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@ -2,3 +2,5 @@ Title: Contact
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Author: ravages
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Author: ravages
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On aimerait bien que d'autres personnes écrivent, parlent, témoignent dans les prochains numéros. Si vous avez des questions ou des propositions vous pouvez nous contacter à l'adresse : _revue.ravages@proton.me_
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On aimerait bien que d'autres personnes écrivent, parlent, témoignent dans les prochains numéros. Si vous avez des questions ou des propositions vous pouvez nous contacter à l'adresse : _revue.ravages@proton.me_
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@ -17,4 +17,3 @@ Textes : FleurBleu, KroustiKebs, Mody-Bic, Biche, Plume, Verveine Citronnée, Li
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Illustrations : Le dindon de la furss, Nao, vrrhngt, Plume, François, Léon.
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Illustrations : Le dindon de la furss, Nao, vrrhngt, Plume, François, Léon.
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[^1]: C’est pour rire...
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[^1]: C’est pour rire...
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<h2 id='site-subtitle'><div class="subtitle-box""">chroniques de luttes à la frontière franco-italienne</div></h2>
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<h1>Archives for ravages</h1>
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<dd><a href="/la-jauge-du-refuge-solidaire-lacueil-inconditionnel-conditionne.html">La jauge du Refuge solidaire : l'acueil inconditionnel conditionné</a></dd>
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<dd><a href="/la-jauge-du-refuge-solidaire-lacueil-inconditionnel-conditionne.html">La jauge du Refuge solidaire : l'acueil inconditionnel conditionné</a></dd>
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<h2>Sommaire</h2>
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<h2>Sommaire</h2>
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<li><a href="/lexique-frontiere.html">Lexique : frontière</a></li>
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<li><a href="/lexique-frontiere.html">Lexique : frontière</a></li>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>
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<h1><a href="/">ravages</a></h1>
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<h2 id='site-subtitle'><div class="subtitle-box""">chroniques de luttes à la frontière franco-italienne</div></h2>
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<h2 id='site-subtitle'><div class="subtitle-box""">chroniques de luttes à la frontière franco-italienne</div></h2>
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<h1>Edito</h1>
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<h1>Edito</h1>
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<p>Tu tiens dans tes mains le premier numéro d’une revue qui a failli s’appeler autrement. On avait pensé à Roue Libre, La Brèche, Le Pas-Sage, et même Le Blaireau Explosif. Finalement la revue s’appelle Ravages, avec un « s », parce qu’on est plusieurs à écrire là-dedans et surtout parce que des ravages y en a plein. Dans l’dico y’a écrit qu’un ravage est un dégât matériel causé de façon violente par l’action des gens ou de la nature. C’est aussi « l’effet désastreux de quelque chose sur quelqu’un », comme quand on parle des ravages de la guerre, ou de ceux du salariat.</p>
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<p>Tu tiens dans tes mains le premier numéro d’une revue qui a failli s’appeler autrement. On avait pensé à Roue Libre, La Brèche, Le Pas-Sage, et même Le Blaireau Explosif. Finalement la revue s’appelle Ravages, avec un « s », parce qu’on est plusieurs à écrire là-dedans et surtout parce que des ravages y en a plein. Dans l’dico y’a écrit qu’un ravage est un dégât matériel causé de façon violente par l’action des gens ou de la nature. C’est aussi « l’effet désastreux de quelque chose sur quelqu’un », comme quand on parle des ravages de la guerre, ou de ceux du salariat.</p>
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<p>Loin de s’imaginer comme des cataclysmes de chair et d’os qui répandraient la colère à l’aide de petites revues, l’idée est plutôt de témoigner des ravages de notre époque à partir d’un point d’observation précis, celui de la frontière franco-italienne à Briançon. On s’est dit que ça manquait un peu, dans le paysage militant du coin. Alors on a commencé à écrire. Certains de nos articles sont écrits à quatre, six, huit, parfois dix mains ! Et c’était pas toujours facile. Entre nous les critiques étaient vives, et certaines oreilles sourdes au moindre reproche<sup id="fnref:1"><a class="footnote-ref" href="#fn:1">1</a></sup>.</p>
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<p>Loin de s’imaginer comme des cataclysmes de chair et d’os qui répandraient la colère à l’aide de petites revues, l’idée est plutôt de témoigner des ravages de notre époque à partir d’un point d’observation précis, celui de la frontière franco-italienne à Briançon. On s’est dit que ça manquait un peu, dans le paysage militant du coin. Alors on a commencé à écrire. Certains de nos articles sont écrits à quatre, six, huit, parfois dix mains ! Et c’était pas toujours facile. Entre nous les critiques étaient vives, et certaines oreilles sourdes au moindre reproche<sup id="fnref:1"><a class="footnote-ref" href="#fn:1">1</a></sup>.</p>
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<p>C’est pour rire...
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<p>C’est pour rire... <a class="footnote-backref" href="#fnref:1" title="Jump back to footnote 1 in the text">↩</a></p>
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<h2>Sommaire</h2>
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<h2>Sommaire</h2>
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<li><a href="/cartographie.html">Cartographie</a></li>
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<li><a href="/lexique-frontiere.html">Lexique : frontière</a></li>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>
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<h1><a href="/">ravages</a></h1>
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<h2 id='site-subtitle'><div class="subtitle-box""">chroniques de luttes à la frontière franco-italienne</div></h2>
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<h1>Edito</h1>
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<p>Tu tiens dans tes mains le premier numéro d’une revue qui a failli s’appeler autrement. On avait pensé à Roue Libre, La Brèche, Le Pas-Sage, et même Le Blaireau Explosif. Finalement la revue s’appelle Ravages, avec un « s », parce qu’on est plusieurs à écrire là-dedans et surtout parce que des ravages y en a plein. Dans l’dico y’a écrit qu’un ravage est un dégât matériel causé de façon violente par l’action des gens ou de la nature. C’est aussi « l’effet désastreux de quelque chose sur quelqu’un », comme quand on parle des ravages de la guerre, ou de ceux du salariat.</p>
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<p>Tu tiens dans tes mains le premier numéro d’une revue qui a failli s’appeler autrement. On avait pensé à Roue Libre, La Brèche, Le Pas-Sage, et même Le Blaireau Explosif. Finalement la revue s’appelle Ravages, avec un « s », parce qu’on est plusieurs à écrire là-dedans et surtout parce que des ravages y en a plein. Dans l’dico y’a écrit qu’un ravage est un dégât matériel causé de façon violente par l’action des gens ou de la nature. C’est aussi « l’effet désastreux de quelque chose sur quelqu’un », comme quand on parle des ravages de la guerre, ou de ceux du salariat.</p>
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<p>Loin de s’imaginer comme des cataclysmes de chair et d’os qui répandraient la colère à l’aide de petites revues, l’idée est plutôt de témoigner des ravages de notre époque à partir d’un point d’observation précis, celui de la frontière franco-italienne à Briançon. On s’est dit que ça manquait un peu, dans le paysage militant du coin. Alors on a commencé à écrire. Certains de nos articles sont écrits à quatre, six, huit, parfois dix mains ! Et c’était pas toujours facile. Entre nous les critiques étaient vives, et certaines oreilles sourdes au moindre reproche<sup id="fnref:1"><a class="footnote-ref" href="#fn:1">1</a></sup>.</p>
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<p>Loin de s’imaginer comme des cataclysmes de chair et d’os qui répandraient la colère à l’aide de petites revues, l’idée est plutôt de témoigner des ravages de notre époque à partir d’un point d’observation précis, celui de la frontière franco-italienne à Briançon. On s’est dit que ça manquait un peu, dans le paysage militant du coin. Alors on a commencé à écrire. Certains de nos articles sont écrits à quatre, six, huit, parfois dix mains ! Et c’était pas toujours facile. Entre nous les critiques étaient vives, et certaines oreilles sourdes au moindre reproche<sup id="fnref:1"><a class="footnote-ref" href="#fn:1">1</a></sup>.</p>
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<h2>Sommaire</h2>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>
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<li><a href="/refoulements-violents-a-la-frontiere-greco-turque-recit-dune-derive-europeenne.html">Refoulements violents à la frontière greco-turque : récit d'une dérive européenne</a></li>
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<li><a href="/la-jauge-du-refuge-solidaire-lacueil-inconditionnel-conditionne.html">La jauge du Refuge solidaire : l'acueil inconditionnel conditionné</a></li>
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<li><a href="/tadi-taxi-oula-saroukh.html">Tadi taxi oula saroukh ?</a></li>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>
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En 2015 cette frontière s’est partiellement refermée. L’Etat a établi une liste de 285 points stratégiques, appelés points de passages autorisés (PPA), autour desquels les contrôles d’identité ont été légalisés, sans que personne ne soit ni recherché ni pris en flagrant délit de quoi que ce soit. Officiellement ce rétablissement des contrôles aux frontières ne pouvait durer que 6 mois, et n’être renouvelé que pour une durée totale de deux ans. Pourtant, cela fait maintenant 8 ans que la police contrôle, expulse et enferme le long de la frontière sans aucune base légale.</p>
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En 2015 cette frontière s’est partiellement refermée. L’Etat a établi une liste de 285 points stratégiques, appelés points de passages autorisés (PPA), autour desquels les contrôles d’identité ont été légalisés, sans que personne ne soit ni recherché ni pris en flagrant délit de quoi que ce soit. Officiellement ce rétablissement des contrôles aux frontières ne pouvait durer que 6 mois, et n’être renouvelé que pour une durée totale de deux ans. Pourtant, cela fait maintenant 8 ans que la police contrôle, expulse et enferme le long de la frontière sans aucune base légale.</p>
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<p>Quant à celles et ceux qui ont le malheur d’arriver tout droit de plus loin – d’un pays extérieur à la zone Schengen – l’Etat a là encore une solution. Depuis 1992, des zones appelées « zones d’attente » – il y en a presque 100 en France – permettent aux autorités de contrôler l’identité des gens et de les immobiliser, jusqu’à 26 jours, dans les ports, les aéroports et les gares internationales. En 2003, ces zones ont été étendues des points de débarquement à leurs environs, ce qui implique, en clair, que toutes les côtes françaises sont désormais des lieux où les immobilisations arbitraires sont possibles, et légales.</p>
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<p>Quant à celles et ceux qui ont le malheur d’arriver tout droit de plus loin – d’un pays extérieur à la zone Schengen – l’Etat a là encore une solution. Depuis 1992, des zones appelées « zones d’attente » – il y en a presque 100 en France – permettent aux autorités de contrôler l’identité des gens et de les immobiliser, jusqu’à 26 jours, dans les ports, les aéroports et les gares internationales. En 2003, ces zones ont été étendues des points de débarquement à leurs environs, ce qui implique, en clair, que toutes les côtes françaises sont désormais des lieux où les immobilisations arbitraires sont possibles, et légales.</p>
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<p>Fiction juridique, la frontière n’en est pas moins réelle pour celles et ceux qui la traversent chaque jour sans la bonne couleur de peau, ou à défaut les bons papiers. Et si elle reste une construction historique relativement récente, c’est dans le registre de l’universel que la frontière puise sa légitimité, jusqu’à devenir une évidence territoriale, une sorte de sens commun dans la manière dont nous envisageons l’espace. Pourtant, et c’est ce qui nous intéresse dans la partie suivante, les frontières n’ont rien de naturel, et leur adéquation avec certains traits de paysage – comme les rivières ou les montagnes – est elle aussi une fabrication nationale.</p>
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<p>Fiction juridique, la frontière n’en est pas moins réelle pour celles et ceux qui la traversent chaque jour sans la bonne couleur de peau, ou à défaut les bons papiers. Et si elle reste une construction historique relativement récente, c’est dans le registre de l’universel que la frontière puise sa légitimité, jusqu’à devenir une évidence territoriale, une sorte de sens commun dans la manière dont nous envisageons l’espace. Pourtant, et c’est ce qui nous intéresse dans la partie suivante, les frontières n’ont rien de naturel, et leur adéquation avec certains traits de paysage – comme les rivières ou les montagnes – est elle aussi une fabrication nationale.</p>
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<p><img alt="sommets" src="../images/Sommets.jpg"></p>
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<h3>FRONTIÈRES SYNTHÉTIQUES</h3>
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<h3>FRONTIÈRES SYNTHÉTIQUES</h3>
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<p>Au XVIIe siècle le mot « frontière désignait une ligne de front, celle qui se tenait face à l’ennemi, peu importe que celui-ci se trouve au milieu ou en périphérie d’un territoire donné. La « frontière » délimitait une zone de défense. C’est au siècle suivant que frontières militaires et frontières nationales ont commencé à coïncider, dans les écrits officiels comme dans ceux des Lumières, qui s’évertuaient alors à ancrer la nation dans un territoire propre. Bien souvent c’est dans le paysage que les philosophes allaient piocher pour donner à la nation ses limites. Pour Rousseau ou Montesquieu, la nature avait établi sur Terre les frontières idéales de la France et des autres Etats : le Rhin, les Pyrénées et les Alpes fournissaient à la jeune nation française des limites toutes trouvées. C’est la Révolution, autrement dit, qui nationalisa l’idée d’une frontière dite naturelle, et naturalisa celle des frontières nationales.</p>
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<p>Au XVIIe siècle le mot « frontière désignait une ligne de front, celle qui se tenait face à l’ennemi, peu importe que celui-ci se trouve au milieu ou en périphérie d’un territoire donné. La « frontière » délimitait une zone de défense. C’est au siècle suivant que frontières militaires et frontières nationales ont commencé à coïncider, dans les écrits officiels comme dans ceux des Lumières, qui s’évertuaient alors à ancrer la nation dans un territoire propre. Bien souvent c’est dans le paysage que les philosophes allaient piocher pour donner à la nation ses limites. Pour Rousseau ou Montesquieu, la nature avait établi sur Terre les frontières idéales de la France et des autres Etats : le Rhin, les Pyrénées et les Alpes fournissaient à la jeune nation française des limites toutes trouvées. C’est la Révolution, autrement dit, qui nationalisa l’idée d’une frontière dite naturelle, et naturalisa celle des frontières nationales.</p>
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<p>Dans son histoire du Rhin, Lucien Febvre retrace les enjeux nationalistes du fleuve qui marque la frontière entre l’Allemagne et la France. Alors que depuis le XVIe siècle le Rhin était considéré en Allemagne comme un fleuve sacré et sacrément national, l’historien démontre au contraire comment le fleuve fut, au cours de l’histoire, un lieu d’échanges économiques, culturels et linguistiques. Le fleuve, comme la frontière qu’il trace dans la géographie européenne, figure non pas comme un donné naturel mais comme un produit de l’histoire humaine, et l’outil naturel d’une politique nationaliste.</p>
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<p>Dans son histoire du Rhin, Lucien Febvre retrace les enjeux nationalistes du fleuve qui marque la frontière entre l’Allemagne et la France. Alors que depuis le XVIe siècle le Rhin était considéré en Allemagne comme un fleuve sacré et sacrément national, l’historien démontre au contraire comment le fleuve fut, au cours de l’histoire, un lieu d’échanges économiques, culturels et linguistiques. Le fleuve, comme la frontière qu’il trace dans la géographie européenne, figure non pas comme un donné naturel mais comme un produit de l’histoire humaine, et l’outil naturel d’une politique nationaliste.</p>
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En 2015 cette frontière s’est partiellement refermée. L’Etat a établi une liste de 285 points stratégiques, appelés points de passages autorisés (PPA), autour desquels les contrôles d’identité ont été légalisés, sans que personne ne soit ni recherché ni pris en flagrant délit de quoi que ce soit. Officiellement ce rétablissement des contrôles aux frontières ne pouvait durer que 6 mois, et n’être renouvelé que pour une durée totale de deux ans. Pourtant, cela fait maintenant 8 ans que la police contrôle, expulse et enferme le long de la frontière sans aucune base légale.</p>
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En 2015 cette frontière s’est partiellement refermée. L’Etat a établi une liste de 285 points stratégiques, appelés points de passages autorisés (PPA), autour desquels les contrôles d’identité ont été légalisés, sans que personne ne soit ni recherché ni pris en flagrant délit de quoi que ce soit. Officiellement ce rétablissement des contrôles aux frontières ne pouvait durer que 6 mois, et n’être renouvelé que pour une durée totale de deux ans. Pourtant, cela fait maintenant 8 ans que la police contrôle, expulse et enferme le long de la frontière sans aucune base légale.</p>
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<p>Quant à celles et ceux qui ont le malheur d’arriver tout droit de plus loin – d’un pays extérieur à la zone Schengen – l’Etat a là encore une solution. Depuis 1992, des zones appelées « zones d’attente » – il y en a presque 100 en France – permettent aux autorités de contrôler l’identité des gens et de les immobiliser, jusqu’à 26 jours, dans les ports, les aéroports et les gares internationales. En 2003, ces zones ont été étendues des points de débarquement à leurs environs, ce qui implique, en clair, que toutes les côtes françaises sont désormais des lieux où les immobilisations arbitraires sont possibles, et légales.</p>
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<p>Quant à celles et ceux qui ont le malheur d’arriver tout droit de plus loin – d’un pays extérieur à la zone Schengen – l’Etat a là encore une solution. Depuis 1992, des zones appelées « zones d’attente » – il y en a presque 100 en France – permettent aux autorités de contrôler l’identité des gens et de les immobiliser, jusqu’à 26 jours, dans les ports, les aéroports et les gares internationales. En 2003, ces zones ont été étendues des points de débarquement à leurs environs, ce qui implique, en clair, que toutes les côtes françaises sont désormais des lieux où les immobilisations arbitraires sont possibles, et légales.</p>
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<p>Fiction juridique, la frontière n’en est pas moins réelle pour celles et ceux qui la traversent chaque jour sans la bonne couleur de peau, ou à défaut les bons papiers. Et si elle reste une construction historique relativement récente, c’est dans le registre de l’universel que la frontière puise sa légitimité, jusqu’à devenir une évidence territoriale, une sorte de sens commun dans la manière dont nous envisageons l’espace. Pourtant, et c’est ce qui nous intéresse dans la partie suivante, les frontières n’ont rien de naturel, et leur adéquation avec certains traits de paysage – comme les rivières ou les montagnes – est elle aussi une fabrication nationale.</p>
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<p>Fiction juridique, la frontière n’en est pas moins réelle pour celles et ceux qui la traversent chaque jour sans la bonne couleur de peau, ou à défaut les bons papiers. Et si elle reste une construction historique relativement récente, c’est dans le registre de l’universel que la frontière puise sa légitimité, jusqu’à devenir une évidence territoriale, une sorte de sens commun dans la manière dont nous envisageons l’espace. Pourtant, et c’est ce qui nous intéresse dans la partie suivante, les frontières n’ont rien de naturel, et leur adéquation avec certains traits de paysage – comme les rivières ou les montagnes – est elle aussi une fabrication nationale.</p>
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<p><img alt="sommets" src="../images/Sommets.jpg"></p>
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<h3>FRONTIÈRES SYNTHÉTIQUES</h3>
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<h3>FRONTIÈRES SYNTHÉTIQUES</h3>
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<p>Au XVIIe siècle le mot « frontière désignait une ligne de front, celle qui se tenait face à l’ennemi, peu importe que celui-ci se trouve au milieu ou en périphérie d’un territoire donné. La « frontière » délimitait une zone de défense. C’est au siècle suivant que frontières militaires et frontières nationales ont commencé à coïncider, dans les écrits officiels comme dans ceux des Lumières, qui s’évertuaient alors à ancrer la nation dans un territoire propre. Bien souvent c’est dans le paysage que les philosophes allaient piocher pour donner à la nation ses limites. Pour Rousseau ou Montesquieu, la nature avait établi sur Terre les frontières idéales de la France et des autres Etats : le Rhin, les Pyrénées et les Alpes fournissaient à la jeune nation française des limites toutes trouvées. C’est la Révolution, autrement dit, qui nationalisa l’idée d’une frontière dite naturelle, et naturalisa celle des frontières nationales.</p>
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<p>Au XVIIe siècle le mot « frontière désignait une ligne de front, celle qui se tenait face à l’ennemi, peu importe que celui-ci se trouve au milieu ou en périphérie d’un territoire donné. La « frontière » délimitait une zone de défense. C’est au siècle suivant que frontières militaires et frontières nationales ont commencé à coïncider, dans les écrits officiels comme dans ceux des Lumières, qui s’évertuaient alors à ancrer la nation dans un territoire propre. Bien souvent c’est dans le paysage que les philosophes allaient piocher pour donner à la nation ses limites. Pour Rousseau ou Montesquieu, la nature avait établi sur Terre les frontières idéales de la France et des autres Etats : le Rhin, les Pyrénées et les Alpes fournissaient à la jeune nation française des limites toutes trouvées. C’est la Révolution, autrement dit, qui nationalisa l’idée d’une frontière dite naturelle, et naturalisa celle des frontières nationales.</p>
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<p>Dans son histoire du Rhin, Lucien Febvre retrace les enjeux nationalistes du fleuve qui marque la frontière entre l’Allemagne et la France. Alors que depuis le XVIe siècle le Rhin était considéré en Allemagne comme un fleuve sacré et sacrément national, l’historien démontre au contraire comment le fleuve fut, au cours de l’histoire, un lieu d’échanges économiques, culturels et linguistiques. Le fleuve, comme la frontière qu’il trace dans la géographie européenne, figure non pas comme un donné naturel mais comme un produit de l’histoire humaine, et l’outil naturel d’une politique nationaliste.</p>
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<p>Dans son histoire du Rhin, Lucien Febvre retrace les enjeux nationalistes du fleuve qui marque la frontière entre l’Allemagne et la France. Alors que depuis le XVIe siècle le Rhin était considéré en Allemagne comme un fleuve sacré et sacrément national, l’historien démontre au contraire comment le fleuve fut, au cours de l’histoire, un lieu d’échanges économiques, culturels et linguistiques. Le fleuve, comme la frontière qu’il trace dans la géographie européenne, figure non pas comme un donné naturel mais comme un produit de l’histoire humaine, et l’outil naturel d’une politique nationaliste.</p>
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<h1>Edito</h1>
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<h1>Edito</h1>
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<p>Tu tiens dans tes mains le premier numéro d’une revue qui a failli s’appeler autrement. On avait pensé à Roue Libre, La Brèche, Le Pas-Sage, et même Le Blaireau Explosif. Finalement la revue s’appelle Ravages, avec un « s », parce qu’on est plusieurs à écrire là-dedans et surtout parce que des ravages y en a plein. Dans l’dico y’a écrit qu’un ravage est un dégât matériel causé de façon violente par l’action des gens ou de la nature. C’est aussi « l’effet désastreux de quelque chose sur quelqu’un », comme quand on parle des ravages de la guerre, ou de ceux du salariat.</p>
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<p>Tu tiens dans tes mains le premier numéro d’une revue qui a failli s’appeler autrement. On avait pensé à Roue Libre, La Brèche, Le Pas-Sage, et même Le Blaireau Explosif. Finalement la revue s’appelle Ravages, avec un « s », parce qu’on est plusieurs à écrire là-dedans et surtout parce que des ravages y en a plein. Dans l’dico y’a écrit qu’un ravage est un dégât matériel causé de façon violente par l’action des gens ou de la nature. C’est aussi « l’effet désastreux de quelque chose sur quelqu’un », comme quand on parle des ravages de la guerre, ou de ceux du salariat.</p>
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<p>Loin de s’imaginer comme des cataclysmes de chair et d’os qui répandraient la colère à l’aide de petites revues, l’idée est plutôt de témoigner des ravages de notre époque à partir d’un point d’observation précis, celui de la frontière franco-italienne à Briançon. On s’est dit que ça manquait un peu, dans le paysage militant du coin. Alors on a commencé à écrire. Certains de nos articles sont écrits à quatre, six, huit, parfois dix mains ! Et c’était pas toujours facile. Entre nous les critiques étaient vives, et certaines oreilles sourdes au moindre reproche<sup id="fnref:1"><a class="footnote-ref" href="#fn:1">1</a></sup>.</p>
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<p>Loin de s’imaginer comme des cataclysmes de chair et d’os qui répandraient la colère à l’aide de petites revues, l’idée est plutôt de témoigner des ravages de notre époque à partir d’un point d’observation précis, celui de la frontière franco-italienne à Briançon. On s’est dit que ça manquait un peu, dans le paysage militant du coin. Alors on a commencé à écrire. Certains de nos articles sont écrits à quatre, six, huit, parfois dix mains ! Et c’était pas toujours facile. Entre nous les critiques étaient vives, et certaines oreilles sourdes au moindre reproche<sup id="fnref:1"><a class="footnote-ref" href="#fn:1">1</a></sup>.</p>
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<p>C’est pour rire...
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<p>C’est pour rire... <a class="footnote-backref" href="#fnref:1" title="Jump back to footnote 1 in the text">↩</a></p>
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<h2>Sommaire</h2>
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<h2>Sommaire</h2>
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<li><a href="/lexique-frontiere.html">Lexique : frontière</a></li>
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<li><a href="/lexique-frontiere.html">Lexique : frontière</a></li>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>
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<h1>Edito</h1>
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<h1>Edito</h1>
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<p>Tu tiens dans tes mains le premier numéro d’une revue qui a failli s’appeler autrement. On avait pensé à Roue Libre, La Brèche, Le Pas-Sage, et même Le Blaireau Explosif. Finalement la revue s’appelle Ravages, avec un « s », parce qu’on est plusieurs à écrire là-dedans et surtout parce que des ravages y en a plein. Dans l’dico y’a écrit qu’un ravage est un dégât matériel causé de façon violente par l’action des gens ou de la nature. C’est aussi « l’effet désastreux de quelque chose sur quelqu’un », comme quand on parle des ravages de la guerre, ou de ceux du salariat.</p>
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<p>Tu tiens dans tes mains le premier numéro d’une revue qui a failli s’appeler autrement. On avait pensé à Roue Libre, La Brèche, Le Pas-Sage, et même Le Blaireau Explosif. Finalement la revue s’appelle Ravages, avec un « s », parce qu’on est plusieurs à écrire là-dedans et surtout parce que des ravages y en a plein. Dans l’dico y’a écrit qu’un ravage est un dégât matériel causé de façon violente par l’action des gens ou de la nature. C’est aussi « l’effet désastreux de quelque chose sur quelqu’un », comme quand on parle des ravages de la guerre, ou de ceux du salariat.</p>
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<p>Loin de s’imaginer comme des cataclysmes de chair et d’os qui répandraient la colère à l’aide de petites revues, l’idée est plutôt de témoigner des ravages de notre époque à partir d’un point d’observation précis, celui de la frontière franco-italienne à Briançon. On s’est dit que ça manquait un peu, dans le paysage militant du coin. Alors on a commencé à écrire. Certains de nos articles sont écrits à quatre, six, huit, parfois dix mains ! Et c’était pas toujours facile. Entre nous les critiques étaient vives, et certaines oreilles sourdes au moindre reproche<sup id="fnref:1"><a class="footnote-ref" href="#fn:1">1</a></sup>.</p>
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<p>Loin de s’imaginer comme des cataclysmes de chair et d’os qui répandraient la colère à l’aide de petites revues, l’idée est plutôt de témoigner des ravages de notre époque à partir d’un point d’observation précis, celui de la frontière franco-italienne à Briançon. On s’est dit que ça manquait un peu, dans le paysage militant du coin. Alors on a commencé à écrire. Certains de nos articles sont écrits à quatre, six, huit, parfois dix mains ! Et c’était pas toujours facile. Entre nous les critiques étaient vives, et certaines oreilles sourdes au moindre reproche<sup id="fnref:1"><a class="footnote-ref" href="#fn:1">1</a></sup>.</p>
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<h2>Sommaire</h2>
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<h2 class="entry-title">La jauge du Refuge solidaire : l'acueil inconditionnel conditionné</h2>
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<h2>Sommaire</h2>
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<h2 class="entry-title">Lexique : frontière</h2>
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<h2 class="entry-title">Lexique : frontière</h2>
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En 2015 cette frontière s’est partiellement refermée. L’Etat a établi une liste de 285 points stratégiques, appelés points de passages autorisés (PPA), autour desquels les contrôles d’identité ont été légalisés, sans que personne ne soit ni recherché ni pris en flagrant délit de quoi que ce soit. Officiellement ce rétablissement des contrôles aux frontières ne pouvait durer que 6 mois, et n’être renouvelé que pour une durée totale de deux ans. Pourtant, cela fait maintenant 8 ans que la police contrôle, expulse et enferme le long de la frontière sans aucune base légale.</p>
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En 2015 cette frontière s’est partiellement refermée. L’Etat a établi une liste de 285 points stratégiques, appelés points de passages autorisés (PPA), autour desquels les contrôles d’identité ont été légalisés, sans que personne ne soit ni recherché ni pris en flagrant délit de quoi que ce soit. Officiellement ce rétablissement des contrôles aux frontières ne pouvait durer que 6 mois, et n’être renouvelé que pour une durée totale de deux ans. Pourtant, cela fait maintenant 8 ans que la police contrôle, expulse et enferme le long de la frontière sans aucune base légale.</p>
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<p>Quant à celles et ceux qui ont le malheur d’arriver tout droit de plus loin – d’un pays extérieur à la zone Schengen – l’Etat a là encore une solution. Depuis 1992, des zones appelées « zones d’attente » – il y en a presque 100 en France – permettent aux autorités de contrôler l’identité des gens et de les immobiliser, jusqu’à 26 jours, dans les ports, les aéroports et les gares internationales. En 2003, ces zones ont été étendues des points de débarquement à leurs environs, ce qui implique, en clair, que toutes les côtes françaises sont désormais des lieux où les immobilisations arbitraires sont possibles, et légales.</p>
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<p>Quant à celles et ceux qui ont le malheur d’arriver tout droit de plus loin – d’un pays extérieur à la zone Schengen – l’Etat a là encore une solution. Depuis 1992, des zones appelées « zones d’attente » – il y en a presque 100 en France – permettent aux autorités de contrôler l’identité des gens et de les immobiliser, jusqu’à 26 jours, dans les ports, les aéroports et les gares internationales. En 2003, ces zones ont été étendues des points de débarquement à leurs environs, ce qui implique, en clair, que toutes les côtes françaises sont désormais des lieux où les immobilisations arbitraires sont possibles, et légales.</p>
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<p>Fiction juridique, la frontière n’en est pas moins réelle pour celles et ceux qui la traversent chaque jour sans la bonne couleur de peau, ou à défaut les bons papiers. Et si elle reste une construction historique relativement récente, c’est dans le registre de l’universel que la frontière puise sa légitimité, jusqu’à devenir une évidence territoriale, une sorte de sens commun dans la manière dont nous envisageons l’espace. Pourtant, et c’est ce qui nous intéresse dans la partie suivante, les frontières n’ont rien de naturel, et leur adéquation avec certains traits de paysage – comme les rivières ou les montagnes – est elle aussi une fabrication nationale.</p>
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<p>Fiction juridique, la frontière n’en est pas moins réelle pour celles et ceux qui la traversent chaque jour sans la bonne couleur de peau, ou à défaut les bons papiers. Et si elle reste une construction historique relativement récente, c’est dans le registre de l’universel que la frontière puise sa légitimité, jusqu’à devenir une évidence territoriale, une sorte de sens commun dans la manière dont nous envisageons l’espace. Pourtant, et c’est ce qui nous intéresse dans la partie suivante, les frontières n’ont rien de naturel, et leur adéquation avec certains traits de paysage – comme les rivières ou les montagnes – est elle aussi une fabrication nationale.</p>
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<p><img alt="sommets" src="../images/Sommets.jpg"></p>
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<h3>FRONTIÈRES SYNTHÉTIQUES</h3>
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<h3>FRONTIÈRES SYNTHÉTIQUES</h3>
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<p>Au XVIIe siècle le mot « frontière désignait une ligne de front, celle qui se tenait face à l’ennemi, peu importe que celui-ci se trouve au milieu ou en périphérie d’un territoire donné. La « frontière » délimitait une zone de défense. C’est au siècle suivant que frontières militaires et frontières nationales ont commencé à coïncider, dans les écrits officiels comme dans ceux des Lumières, qui s’évertuaient alors à ancrer la nation dans un territoire propre. Bien souvent c’est dans le paysage que les philosophes allaient piocher pour donner à la nation ses limites. Pour Rousseau ou Montesquieu, la nature avait établi sur Terre les frontières idéales de la France et des autres Etats : le Rhin, les Pyrénées et les Alpes fournissaient à la jeune nation française des limites toutes trouvées. C’est la Révolution, autrement dit, qui nationalisa l’idée d’une frontière dite naturelle, et naturalisa celle des frontières nationales.</p>
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<p>Au XVIIe siècle le mot « frontière désignait une ligne de front, celle qui se tenait face à l’ennemi, peu importe que celui-ci se trouve au milieu ou en périphérie d’un territoire donné. La « frontière » délimitait une zone de défense. C’est au siècle suivant que frontières militaires et frontières nationales ont commencé à coïncider, dans les écrits officiels comme dans ceux des Lumières, qui s’évertuaient alors à ancrer la nation dans un territoire propre. Bien souvent c’est dans le paysage que les philosophes allaient piocher pour donner à la nation ses limites. Pour Rousseau ou Montesquieu, la nature avait établi sur Terre les frontières idéales de la France et des autres Etats : le Rhin, les Pyrénées et les Alpes fournissaient à la jeune nation française des limites toutes trouvées. C’est la Révolution, autrement dit, qui nationalisa l’idée d’une frontière dite naturelle, et naturalisa celle des frontières nationales.</p>
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<p>Dans son histoire du Rhin, Lucien Febvre retrace les enjeux nationalistes du fleuve qui marque la frontière entre l’Allemagne et la France. Alors que depuis le XVIe siècle le Rhin était considéré en Allemagne comme un fleuve sacré et sacrément national, l’historien démontre au contraire comment le fleuve fut, au cours de l’histoire, un lieu d’échanges économiques, culturels et linguistiques. Le fleuve, comme la frontière qu’il trace dans la géographie européenne, figure non pas comme un donné naturel mais comme un produit de l’histoire humaine, et l’outil naturel d’une politique nationaliste.</p>
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<p>Dans son histoire du Rhin, Lucien Febvre retrace les enjeux nationalistes du fleuve qui marque la frontière entre l’Allemagne et la France. Alors que depuis le XVIe siècle le Rhin était considéré en Allemagne comme un fleuve sacré et sacrément national, l’historien démontre au contraire comment le fleuve fut, au cours de l’histoire, un lieu d’échanges économiques, culturels et linguistiques. Le fleuve, comme la frontière qu’il trace dans la géographie européenne, figure non pas comme un donné naturel mais comme un produit de l’histoire humaine, et l’outil naturel d’une politique nationaliste.</p>
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@ -59,6 +61,7 @@ En 2015 cette frontière s’est partiellement refermée. L’Etat a établi une
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<h2>Sommaire</h2>
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<h2>Sommaire</h2>
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<li><a href="/cartographie.html">Cartographie</a></li>
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<li><a href="/lexique-frontiere.html">Lexique : frontière</a></li>
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<li><a href="/lexique-frontiere.html">Lexique : frontière</a></li>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>
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<h1><a href="/">ravages</a></h1>
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<h1><a href="/">ravages</a></h1>
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<h2 id='site-subtitle'><div class="subtitle-box""">chroniques de luttes à la frontière franco-italienne</div></h2>
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<h2 id='site-subtitle'><div class="subtitle-box""">chroniques de luttes à la frontière franco-italienne</div></h2>
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<h2 class="entry-title">L'intégration à coups de patates</h2>
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<h2 class="entry-title">L'intégration à coups de patates</h2>
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<p><strong>R:</strong> Et tu lui as pas dit que tu voulais pas le manger?</p>
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<p><strong>R:</strong> Et tu lui as pas dit que tu voulais pas le manger?</p>
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<p><strong>P:</strong> Non, je lui ai même pas dit que c’est pas bon, que je n’aime pas, je lui ai même pas dit, parce que M. lui avait déjà dit qu’il aimait pas, il a gouté et il a arrêté de manger, donc j’ai mangé pour qu’il soit plus à l’aise, j’ai mangé avec beaucoup de sel et après j’ai eu mal au ventre, mais c’est passé. Depuis L. a fait d’autres plats. Même aujourd’hui il a fait une blanquette de veau, parce qu’on est allé regarder le match de foot et y’avait personne pour faire la cuisine, donc c’est lui qui nous a préparé la sauce.
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<p><strong>P:</strong> Non, je lui ai même pas dit que c’est pas bon, que je n’aime pas, je lui ai même pas dit, parce que M. lui avait déjà dit qu’il aimait pas, il a gouté et il a arrêté de manger, donc j’ai mangé pour qu’il soit plus à l’aise, j’ai mangé avec beaucoup de sel et après j’ai eu mal au ventre, mais c’est passé. Depuis L. a fait d’autres plats. Même aujourd’hui il a fait une blanquette de veau, parce qu’on est allé regarder le match de foot et y’avait personne pour faire la cuisine, donc c’est lui qui nous a préparé la sauce.
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[Pendant que P. parle, X, un autre jeune accueilli, pose une cagette de provisions sur la table du salon.]</p>
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[Pendant que P. parle, X, un autre jeune accueilli, pose une cagette de provisions sur la table du salon.]</p>
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<p><img alt="assiette" src="../images/integration%202.jpg"></p>
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<p><strong>R:</strong> T’as ramené quoi sur la table ?</p>
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<p><strong>R:</strong> T’as ramené quoi sur la table ?</p>
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<p><strong>X:</strong> Ça, ça vient des Restos du Coeur. Depuis qu’on l’a pris aux Restos du Coeur personne ne l’a mangé. Ça, c’est pareil. Ça, c’est de la crème fraiche, tu peux la jeter. J’ai fait une liste mais personne n’a acheté ce que j’ai demandé. On peut parler des courses ? Concernant les courses, y’a quelques éducateurs qui font comme s’ils étaient chez eux. Par exemple, un jour on a fait une liste, et quand l’éducatrice est arrivée elle a laissé la liste qu’on avait écrit et elle a acheté ce qu’elle voulait, et maintenant il parait qu’il nous reste plus assez de budget, mais elle, elle a acheté ce qu’elle voulait, de la crème fraiche, du café, pourtant il y avait déjà du café, mais elle en a racheté au lieu d’acheter ce que nous on avait écrit. Elle a acheté ce qu’elle voulait, parce que c’est elle qui fait les courses ici. Y’a beaucoup de choses qu’ils achètent [les éducateurs], bon, si t’achètes et que tu fais la cuisine pour nous, si on t’a dit que c’est bon, alors on peut accepter, mais si on mange pas ce que tu cuisines, c’est pas acceptable.</p>
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<p><strong>X:</strong> Ça, ça vient des Restos du Coeur. Depuis qu’on l’a pris aux Restos du Coeur personne ne l’a mangé. Ça, c’est pareil. Ça, c’est de la crème fraiche, tu peux la jeter. J’ai fait une liste mais personne n’a acheté ce que j’ai demandé. On peut parler des courses ? Concernant les courses, y’a quelques éducateurs qui font comme s’ils étaient chez eux. Par exemple, un jour on a fait une liste, et quand l’éducatrice est arrivée elle a laissé la liste qu’on avait écrit et elle a acheté ce qu’elle voulait, et maintenant il parait qu’il nous reste plus assez de budget, mais elle, elle a acheté ce qu’elle voulait, de la crème fraiche, du café, pourtant il y avait déjà du café, mais elle en a racheté au lieu d’acheter ce que nous on avait écrit. Elle a acheté ce qu’elle voulait, parce que c’est elle qui fait les courses ici. Y’a beaucoup de choses qu’ils achètent [les éducateurs], bon, si t’achètes et que tu fais la cuisine pour nous, si on t’a dit que c’est bon, alors on peut accepter, mais si on mange pas ce que tu cuisines, c’est pas acceptable.</p>
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<p><img alt="Tu le manges quand même c'est un plat français" src="../images/integration%203.jpg"></p>
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<p><strong>R:</strong> Et vous allez jamais faire les courses vous-mêmes?</p>
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<p><strong>R:</strong> Et vous allez jamais faire les courses vous-mêmes?</p>
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<p><strong>P:</strong> Bien sûr, avant on allait faire les courses une fois par semaine, mais depuis le mois du Ramadan on a arrêté. Seulement hier on est retourné faire des courses, on est parti tous les trois, on a fait une liste, et un éducateur nous a dit qu’on n’avait plus de budget et qu’on devait faire attention. Quand on est allé au supermarché on a compté. J’ai dit à l’éducateur qui était venu avec nous, trente-cinq euros pour finir le mois, on ne peut pas acheter tout ce qu’on veut, donc j’achète, et si le budget finit tu dis au chef que ce mois-ci on a dépassé le budget, pour qu’il puisse compter sur le mois prochain. Il a dit « non, je vais me faire engueuler par le chef ». Moi j’ai laissé le chariot sur place et je suis rentré à la maison. En rentrant il m’a crié dessus, il m’a dit que je m’étais mal comporté avec lui.</p>
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<p><strong>P:</strong> Bien sûr, avant on allait faire les courses une fois par semaine, mais depuis le mois du Ramadan on a arrêté. Seulement hier on est retourné faire des courses, on est parti tous les trois, on a fait une liste, et un éducateur nous a dit qu’on n’avait plus de budget et qu’on devait faire attention. Quand on est allé au supermarché on a compté. J’ai dit à l’éducateur qui était venu avec nous, trente-cinq euros pour finir le mois, on ne peut pas acheter tout ce qu’on veut, donc j’achète, et si le budget finit tu dis au chef que ce mois-ci on a dépassé le budget, pour qu’il puisse compter sur le mois prochain. Il a dit « non, je vais me faire engueuler par le chef ». Moi j’ai laissé le chariot sur place et je suis rentré à la maison. En rentrant il m’a crié dessus, il m’a dit que je m’étais mal comporté avec lui.</p>
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<p><img alt="Tu le manges quand même c'est un plat français" src="../images/integration%204.jpg"></p>
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<p><strong>X:</strong> Ici on a 150€ par mois pour la nourriture, par personne [ils sont six], et à part Z. qui amène sa nourriture à la maison, les autres ils mangent ce qu’il y a dans le frigo. Si quelqu’un vient et ne cuisine pas, il ne devrait pas manger avec nous. Mais si la personne cuisine, elle peut manger avec nous, c’est donnant donnant. Est-ce que vous êtes ici pour cuisiner ou est-ce que vous êtes ici pour manger notre argent ? S’ils cuisinent ça peut aller. Quand L. a dit qu’on n’avait plus d’argent ça m’a étonné, parce qu’on n’est pas allé faire les courses depuis le Ramadan, c’est les éducateurs qui amènent à manger. On n’a pas pu acheter pour 900€ de nourriture en deux semaines, c’est pas possible.</p>
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<p><strong>X:</strong> Ici on a 150€ par mois pour la nourriture, par personne [ils sont six], et à part Z. qui amène sa nourriture à la maison, les autres ils mangent ce qu’il y a dans le frigo. Si quelqu’un vient et ne cuisine pas, il ne devrait pas manger avec nous. Mais si la personne cuisine, elle peut manger avec nous, c’est donnant donnant. Est-ce que vous êtes ici pour cuisiner ou est-ce que vous êtes ici pour manger notre argent ? S’ils cuisinent ça peut aller. Quand L. a dit qu’on n’avait plus d’argent ça m’a étonné, parce qu’on n’est pas allé faire les courses depuis le Ramadan, c’est les éducateurs qui amènent à manger. On n’a pas pu acheter pour 900€ de nourriture en deux semaines, c’est pas possible.</p>
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<p><strong>R:</strong> Est-ce que vous allez aussi au Secours Populaire ou aux Restos du Cœur pour les courses ?</p>
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<p><strong>R:</strong> Est-ce que vous allez aussi au Secours Populaire ou aux Restos du Cœur pour les courses ?</p>
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<p><strong>P:</strong> Avant on partait, quand le budget de la nourriture c’était 900 euros, on partait chaque mercredi, et quand ils ont ajouté 100 euros sur le budget, ce qui fait 1000 euros, on nous a dit qu’on n’allait plus aller là-bas. J’ai dit d’accord. Jusqu’à présent personne n’est retourné là-bas parce que la déci-sion vient du chef. Nous on ne peut plus rien dire. On a même fait deux jours, il n’y avait plus rien dans le frigo, on a parlé avec l’éducateur, il a dit qu’il pouvait pas aller faire les courses. Alors j’ai fait en sorte qu’on puisse avoir à manger, je crois que c’était la pomme de terre que j’avais fait, j’ai cuit les pommes de terre avec les œufs, c’est ça que j’ai fait à manger. Il n’y avait pas de poulet, il n’y avait pas de riz, pas de couscous. Même j’ai parlé avec le directeur ici, à la réunion, il a dit qu’on pouvait faire une liste de courses mais ce que les éducateurs achètent on est obligé de l’accepter. Il dit « si tout à l’heure L. part acheter de la crème fraîche, et si toi tu n’aimes pas, tu le manges quand même, c’est un plat français. »</p>
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<p><strong>P:</strong> Avant on partait, quand le budget de la nourriture c’était 900 euros, on partait chaque mercredi, et quand ils ont ajouté 100 euros sur le budget, ce qui fait 1000 euros, on nous a dit qu’on n’allait plus aller là-bas. J’ai dit d’accord. Jusqu’à présent personne n’est retourné là-bas parce que la déci-sion vient du chef. Nous on ne peut plus rien dire. On a même fait deux jours, il n’y avait plus rien dans le frigo, on a parlé avec l’éducateur, il a dit qu’il pouvait pas aller faire les courses. Alors j’ai fait en sorte qu’on puisse avoir à manger, je crois que c’était la pomme de terre que j’avais fait, j’ai cuit les pommes de terre avec les œufs, c’est ça que j’ai fait à manger. Il n’y avait pas de poulet, il n’y avait pas de riz, pas de couscous. Même j’ai parlé avec le directeur ici, à la réunion, il a dit qu’on pouvait faire une liste de courses mais ce que les éducateurs achètent on est obligé de l’accepter. Il dit « si tout à l’heure L. part acheter de la crème fraîche, et si toi tu n’aimes pas, tu le manges quand même, c’est un plat français. »</p>
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<p><img alt="Tu le manges quand même c'est un plat français" src="../images/integration%205.jpg"></p>
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<p><strong>R:</strong> Et vous en pensez quoi quand ils vous disent des trucs comme «Il faut manger français, c’est important pour votre intégration» ?</p>
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<p><strong>R:</strong> Et vous en pensez quoi quand ils vous disent des trucs comme «Il faut manger français, c’est important pour votre intégration» ?</p>
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<p><strong>P:</strong> On peut manger des plats, de la nourriture française, quand nous sommes arrivés c’est ce qu’on mangeait, puisqu’on n’avait pas commencé à préparer nous-mêmes à manger. C’est les éducateurs qui préparent à manger, mais nous aussi on veut essayer de faire des trucs, laissez-nous tranquillement faire notre truc, on se met à l’aise et ça passe. Nous on veut juste pouvoir faire nos courses, et eux [les éducateurs] ils sont là pour signer les reçus, même pas pour payer avec leur argent, pour signer le reçu seulement. Après on revient à la maison. C’est ce qu’on veut.</p>
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<p><strong>P:</strong> On peut manger des plats, de la nourriture française, quand nous sommes arrivés c’est ce qu’on mangeait, puisqu’on n’avait pas commencé à préparer nous-mêmes à manger. C’est les éducateurs qui préparent à manger, mais nous aussi on veut essayer de faire des trucs, laissez-nous tranquillement faire notre truc, on se met à l’aise et ça passe. Nous on veut juste pouvoir faire nos courses, et eux [les éducateurs] ils sont là pour signer les reçus, même pas pour payer avec leur argent, pour signer le reçu seulement. Après on revient à la maison. C’est ce qu’on veut.</p>
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<p><img alt="Tu le manges quand même c'est un plat français" src="../images/integration%206.jpg"></p>
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<p><strong>R:</strong> Y’a d’autres choses que vous n’avez pas le droit de faire ici ?</p>
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<p><strong>R:</strong> Y’a d’autres choses que vous n’avez pas le droit de faire ici ?</p>
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<p><strong>P:</strong> Un jour un ami m’a envoyé de la semoule de manioc, que nous on appelle en Côte d’Ivoire de l’attiéké, qu’on mange beaucoup avec la main, jamais avec une cuillère, même les riches ils mangent avec la main. Ce jour-là j’ai fait de l’attiéké, avec des haricots, des œufs, et on a mangé avec A. [un jeune pris en charge par l’association]. On était à l’aise, on mangeait, et moi mon plat était un peu caché, parce qu’un éducateur était là mais il voyait pas, et quand il est rentré dans la cuisine il a vu A., et il a commencé à dire « Mais qu’est-ce que tu fais ? » Moi je parlais pas, je mangeais, et l’éducateur a commencé à crier sur A., « Les gars ça se fait pas ici, on n’a pas le droit de manger avec la main. » Il a continué à parler, mais moi à un moment j’ai pris la parole et on s’est engueulé. Il a dit « et si Emmanuel Macron il arrive tout à l’heure, est-ce que tu mangeras avec la main? » J’ai dit « il est où Emmanuel Macron? Je sais que la France c’est pour toi, mais la Côte d’Ivoire c’est pour moi, je mange avec la main, tu peux pas me forcer à manger avec une cuillère », parce qu’on est chez nous ici, même si c’est pas chez nous, on dort ici, on mange ici, on fait tout ici, donc c’est chez nous. Il me dit « Et si on te voyait dans un restaurant ? » Je lui dis « Déjà moi j’aime pas aller dans les restaurants, j’aime pas, je préfère manger chez moi, à l’aise, tranquille, je bois mon eau et j’ai fini. » Avec un repas au restaurant ça me fait deux semaines de courses à la maison, donc chez moi c’est mieux. Après d’autres éducateurs sont arrivés et nous ont dit qu’on ne pouvait pas manger avec la main. Nous on a dit, « quand on mange, allez dans le bureau, fermez le bureau, et laissez-nous manger dans la cuisine. Vous êtes là pour travailler avec nous, pas pour venir faire votre loi comme vous faites avec vos enfants. » Ca s’est passé comme ça avec eux. Après le chef est venu, il a essayé de nous obliger à manger avec une cuillère ou une fourchette, il a dit « parce que quand vous allez commencer votre apprentissage, vous allez manger avec des collègues, et si vous mangez avec votre main... » J’ai dit « Déjà j’ai pas encore commencé l’apprentissage, et quand je commence, si je vois que tous mes amis ont des cuillères, moi aussi je vais prendre une cuillère, je vais pas manger devant eux avec ma main. Mais ici je suis chez moi c’est pour ça que je mange avec la main. » Si j’ai envie de manger avec ma main, je mange avec ma main. Tout est comme ça ici. Hier j’ai dit au nouvel éducateur, « Ici je vis dans une petite prison. Je vis dans une petite prison. »</p>
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<p><strong>P:</strong> Un jour un ami m’a envoyé de la semoule de manioc, que nous on appelle en Côte d’Ivoire de l’attiéké, qu’on mange beaucoup avec la main, jamais avec une cuillère, même les riches ils mangent avec la main. Ce jour-là j’ai fait de l’attiéké, avec des haricots, des œufs, et on a mangé avec A. [un jeune pris en charge par l’association]. On était à l’aise, on mangeait, et moi mon plat était un peu caché, parce qu’un éducateur était là mais il voyait pas, et quand il est rentré dans la cuisine il a vu A., et il a commencé à dire « Mais qu’est-ce que tu fais ? » Moi je parlais pas, je mangeais, et l’éducateur a commencé à crier sur A., « Les gars ça se fait pas ici, on n’a pas le droit de manger avec la main. » Il a continué à parler, mais moi à un moment j’ai pris la parole et on s’est engueulé. Il a dit « et si Emmanuel Macron il arrive tout à l’heure, est-ce que tu mangeras avec la main? » J’ai dit « il est où Emmanuel Macron? Je sais que la France c’est pour toi, mais la Côte d’Ivoire c’est pour moi, je mange avec la main, tu peux pas me forcer à manger avec une cuillère », parce qu’on est chez nous ici, même si c’est pas chez nous, on dort ici, on mange ici, on fait tout ici, donc c’est chez nous. Il me dit « Et si on te voyait dans un restaurant ? » Je lui dis « Déjà moi j’aime pas aller dans les restaurants, j’aime pas, je préfère manger chez moi, à l’aise, tranquille, je bois mon eau et j’ai fini. » Avec un repas au restaurant ça me fait deux semaines de courses à la maison, donc chez moi c’est mieux. Après d’autres éducateurs sont arrivés et nous ont dit qu’on ne pouvait pas manger avec la main. Nous on a dit, « quand on mange, allez dans le bureau, fermez le bureau, et laissez-nous manger dans la cuisine. Vous êtes là pour travailler avec nous, pas pour venir faire votre loi comme vous faites avec vos enfants. » Ca s’est passé comme ça avec eux. Après le chef est venu, il a essayé de nous obliger à manger avec une cuillère ou une fourchette, il a dit « parce que quand vous allez commencer votre apprentissage, vous allez manger avec des collègues, et si vous mangez avec votre main... » J’ai dit « Déjà j’ai pas encore commencé l’apprentissage, et quand je commence, si je vois que tous mes amis ont des cuillères, moi aussi je vais prendre une cuillère, je vais pas manger devant eux avec ma main. Mais ici je suis chez moi c’est pour ça que je mange avec la main. » Si j’ai envie de manger avec ma main, je mange avec ma main. Tout est comme ça ici. Hier j’ai dit au nouvel éducateur, « Ici je vis dans une petite prison. Je vis dans une petite prison. »</p>
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<h2>Sommaire</h2>
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<li><a href="/cartographie.html">Cartographie</a></li>
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<li><a href="/lexique-frontiere.html">Lexique : frontière</a></li>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>
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<h2 id='site-subtitle'><div class="subtitle-box""">chroniques de luttes à la frontière franco-italienne</div></h2>
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<h1>Contact</h1>
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<p>On aimerait bien que d'autres personnes écrivent, parlent, témoignent dans les prochains numéros. Si vous avez des questions ou des propositions vous pouvez nous contacter à l'adresse : <em>revue.ravages@proton.me</em></p>
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<p>On aimerait bien que d'autres personnes écrivent, parlent, témoignent dans les prochains numéros. Si vous avez des questions ou des propositions vous pouvez nous contacter à l'adresse : <em>revue.ravages@proton.me</em></p>
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<h2>Sommaire</h2>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>
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<h2>Sommaire</h2>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<h2 id='site-subtitle'><div class="subtitle-box""">chroniques de luttes à la frontière franco-italienne</div></h2>
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<h2 class="entry-title">Refoulements violents à la frontière greco-turque : récit d'une dérive européenne</h2>
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<h2 class="entry-title">Refoulements violents à la frontière greco-turque : récit d'une dérive européenne</h2>
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<p>L’Union européenne, obsédée par la théorie paranoïaque de l’appel d’air, mène une politique d’externalisation de ses frontières depuis maintenant presque dix ans. Pour tenter de paralyser les passages migratoires, l’Union a signé des accords avec les pays voisins, comme avec la Turquie, en 2016, qui est alors devenue un véritable sous-traitant du droit à l’asile, et procède depuis à l’accueil des personnes qui arrivent sur son territoire.</p>
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<p>L’Union européenne, obsédée par la théorie paranoïaque de l’appel d’air, mène une politique d’externalisation de ses frontières depuis maintenant presque dix ans. Pour tenter de paralyser les passages migratoires, l’Union a signé des accords avec les pays voisins, comme avec la Turquie, en 2016, qui est alors devenue un véritable sous-traitant du droit à l’asile, et procède depuis à l’accueil des personnes qui arrivent sur son territoire.</p>
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<p>Nombreuses sont les personnes qui osent tout de même la traversée, par voie terrestre ou maritime, vers l’Europe. La frontière gréco-turque est depuis devenue un lieu sinistre où les exilé.es sont soumis.es aux règles d’un ping-pong meurtrier et confronté.es, d’année en année, à toujours plus de monstruosités : «encampements», travaux forcés, mois d’attente puis de renvois, tentatives de traversée ratées, violences physiques et psychologiques, manque de sommeil, de nourriture et de soins.</p>
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<p>Nombreuses sont les personnes qui osent tout de même la traversée, par voie terrestre ou maritime, vers l’Europe. La frontière gréco-turque est depuis devenue un lieu sinistre où les exilé.es sont soumis.es aux règles d’un ping-pong meurtrier et confronté.es, d’année en année, à toujours plus de monstruosités : «encampements», travaux forcés, mois d’attente puis de renvois, tentatives de traversée ratées, violences physiques et psychologiques, manque de sommeil, de nourriture et de soins.</p>
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<p>Au paroxysme de cette politique migratoire violente et violatrice des droits les plus fondamentaux se trouve le recours quasi systématique aux refoulements, ou « pushbacks ». Pour répondre à nos questions sur cette pratique, nous avons contacté Marion, avocate au Legal Centre Lesvos (LCL) en Grèce.</p>
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<p>Au paroxysme de cette politique migratoire violente et violatrice des droits les plus fondamentaux se trouve le recours quasi systématique aux refoulements, ou « pushbacks ». Pour répondre à nos questions sur cette pratique, nous avons contacté Marion, avocate au Legal Centre Lesvos (LCL) en Grèce.</p>
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<p><img alt="fill1" src="../images/fill%201.jpg"></p>
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<p><strong>Ravages: </strong> Depuis quand les pushbacks existent-ils en Grèce ?</p>
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<p><strong>Ravages: </strong> Depuis quand les pushbacks existent-ils en Grèce ?</p>
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<p><strong>Marion :</strong> C’est une pratique bien connue depuis le début des années 2000 à la frontière terrestre dans le nord de la Grèce. Pour les renvois en pleine mer, avant 2020 c’était plus rare, on avait seulement connaissance de quelques épisodes isolés. Une fois la pandémie [de COVID] déclarée, les autorités grecques en ont profité pour instaurer cette nouvelle pratique de refoulements illégaux et clandestins. Avec des durcissements législatifs successifs du droit d’asile survenus en parallèle, c’est clairement devenu la norme.
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<p><strong>Marion :</strong> C’est une pratique bien connue depuis le début des années 2000 à la frontière terrestre dans le nord de la Grèce. Pour les renvois en pleine mer, avant 2020 c’était plus rare, on avait seulement connaissance de quelques épisodes isolés. Une fois la pandémie [de COVID] déclarée, les autorités grecques en ont profité pour instaurer cette nouvelle pratique de refoulements illégaux et clandestins. Avec des durcissements législatifs successifs du droit d’asile survenus en parallèle, c’est clairement devenu la norme.
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En Grèce, la frontière terrestre d’Evros étant une zone militarisée fermée au public, les ONG n’ont pas d’accès officiel, et c’est difficile de savoir ce qui s’y passe. Le même problème se pose pour les refoulements en mer Egée, ou les opérations de recherche et sauvetage sont interdites aux ONGs. On a donc mis un peu de temps avant de comprendre le phénomène des refoulements qui est devenu systématique et généralisé.</p>
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En Grèce, la frontière terrestre d’Evros étant une zone militarisée fermée au public, les ONG n’ont pas d’accès officiel, et c’est difficile de savoir ce qui s’y passe. Le même problème se pose pour les refoulements en mer Egée, ou les opérations de recherche et sauvetage sont interdites aux ONGs. On a donc mis un peu de temps avant de comprendre le phénomène des refoulements qui est devenu systématique et généralisé.</p>
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@ -49,15 +51,18 @@ Une fois localisées par les autorités, elles sont forcées par des hommes arm
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<p><strong>M : </strong> Il est compliqué d’avoir une réponse précise, car les hommes sont en principe cagoulés et habillés de noir, sans matricule ni signe distinctif. Ils opèrent toutefois depuis, ou avec des bateaux des garde-côtes grecs. Ce sont vraisemblablement des agents au service des garde-côtes, ou des gardes eux-mêmes. Ils sont méthodiques et armés. Pour gérer de nombreuses personnes en mer, il faut être bien entraîné. A la frontière terrestre, certains témoignages relatent la présence de la police grecque. Dans ces zones frontalières, plusieurs jeunes grecs, en devenant gardes frontières, voient un moyen de bien gagner leur vie et de trouver un emploi stable. Comble du cynisme, à Evros, les autorités grecques exploitent des personnes migrantes pour organiser les pushbacks et repousser les exilés sur la rivière Evros du côté turc.</p>
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<p><strong>M : </strong> Il est compliqué d’avoir une réponse précise, car les hommes sont en principe cagoulés et habillés de noir, sans matricule ni signe distinctif. Ils opèrent toutefois depuis, ou avec des bateaux des garde-côtes grecs. Ce sont vraisemblablement des agents au service des garde-côtes, ou des gardes eux-mêmes. Ils sont méthodiques et armés. Pour gérer de nombreuses personnes en mer, il faut être bien entraîné. A la frontière terrestre, certains témoignages relatent la présence de la police grecque. Dans ces zones frontalières, plusieurs jeunes grecs, en devenant gardes frontières, voient un moyen de bien gagner leur vie et de trouver un emploi stable. Comble du cynisme, à Evros, les autorités grecques exploitent des personnes migrantes pour organiser les pushbacks et repousser les exilés sur la rivière Evros du côté turc.</p>
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<p><strong>R: </strong> Et avec quel argent ?</p>
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<p><strong>R: </strong> Et avec quel argent ?</p>
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<p><strong>M : </strong> On a déjà entendu la commissaire à l’Union européenne Yvla Johansson dire que la Grèce doit être « le bouclier de l’Union ». Elle réagit toujours après les publications d’articles accablants sur le sujet des pushbacks en Grèce, mais au final rien ne bouge et rien ne change. Donc pour le Legal Centre Lesvos, c’est évident que l’Union européenne valide ces pratiques, autant par le manque de positionnement clair que par le financement direct attribué aux opérations aux frontières. Chaque année, des millions d’euros sont alloués pour les interventions aux frontières en bateaux, drones, radars, caméras infrarouge, caméras thermiques et autres technologies toujours plus sophistiquées… Et tout cela sans compter l’argent dédié à l’agence Frontex5 ! C’est donc difficile de croire que l’UE n’est pas complice... L’argument de l’Etat souverain gardien de ses frontières a alors souvent bon dos pour dire que c’est aux Grecs de ré-agir, mais l’Union Européenne demeure en grade partie le trésorier de ces pratiques. Ces politiques sont donc indirectement payées par nous toustes...</p>
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<p><strong>M : </strong> On a déjà entendu la commissaire à l’Union européenne Yvla Johansson dire que la Grèce doit être « le bouclier de l’Union ». Elle réagit toujours après les publications d’articles accablants sur le sujet des pushbacks en Grèce, mais au final rien ne bouge et rien ne change. Donc pour le Legal Centre Lesvos, c’est évident que l’Union européenne valide ces pratiques, autant par le manque de positionnement clair que par le financement direct attribué aux opérations aux frontières. Chaque année, des millions d’euros sont alloués pour les interventions aux frontières en bateaux, drones, radars, caméras infrarouge, caméras thermiques et autres technologies toujours plus sophistiquées… Et tout cela sans compter l’argent dédié à l’agence Frontex5 ! C’est donc difficile de croire que l’UE n’est pas complice... L’argument de l’Etat souverain gardien de ses frontières a alors souvent bon dos pour dire que c’est aux Grecs de ré-agir, mais l’Union Européenne demeure en grade partie le trésorier de ces pratiques. Ces politiques sont donc indirectement payées par nous toustes...</p>
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<p><img alt="Monstres en mer" src="../images/monstre_plein.jpg"></p>
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<p><strong>R: </strong> Quelle est la stratégie du Legal Centre Lesvos, en sachant que votre terrain d’action est celui du plaidoyer et du combat juridique ?</p>
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<p><strong>R: </strong> Quelle est la stratégie du Legal Centre Lesvos, en sachant que votre terrain d’action est celui du plaidoyer et du combat juridique ?</p>
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<p><strong>M : </strong> Les actions intentées devant les tribunaux nationaux grecs étant systématiquement classées sans suite, sans que des enquêtes indépendantes et sérieuses ne soient menées, nous avons été for-cé.es de saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) pour tenter d’obtenir une prise de position officielle d’une institution, et surtout une réparation pour les victimes. 32 demandes, incluant deux cas représentés par le Legal Centre Lesvos, ont été communiquées à la Grèce en décembre 2021, et sont actuellement en attente d’une décision. D’autres plaintes ont été déposées mais n’ont pour l’instant toujours pas été étudiées, malgré les preuves déposées, sans que nous sachions pourquoi. L’argumentaire juridique dans ces cas est majoritairement basé sur l’article 2 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme – mise en danger de la vie d’autrui – , l’article 3 – traitements inhumains, dégradants et tortures –, et l’article 5 – détention arbitraire. La Grèce est le seule pays de l’Union européenne qui n’a jamais ratifié le protocole 4 de la Convention consacrant le principe d’interdiction des refoulements et l’interdiction des expulsions collectives – ce qui, de fait, exclu une condamnation sur ce seul fondement.</p>
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<p><strong>M : </strong> Les actions intentées devant les tribunaux nationaux grecs étant systématiquement classées sans suite, sans que des enquêtes indépendantes et sérieuses ne soient menées, nous avons été for-cé.es de saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) pour tenter d’obtenir une prise de position officielle d’une institution, et surtout une réparation pour les victimes. 32 demandes, incluant deux cas représentés par le Legal Centre Lesvos, ont été communiquées à la Grèce en décembre 2021, et sont actuellement en attente d’une décision. D’autres plaintes ont été déposées mais n’ont pour l’instant toujours pas été étudiées, malgré les preuves déposées, sans que nous sachions pourquoi. L’argumentaire juridique dans ces cas est majoritairement basé sur l’article 2 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme – mise en danger de la vie d’autrui – , l’article 3 – traitements inhumains, dégradants et tortures –, et l’article 5 – détention arbitraire. La Grèce est le seule pays de l’Union européenne qui n’a jamais ratifié le protocole 4 de la Convention consacrant le principe d’interdiction des refoulements et l’interdiction des expulsions collectives – ce qui, de fait, exclu une condamnation sur ce seul fondement.</p>
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<p>Nous espérons une « décision position » de la CEDH, mais ne sommes tout de même pas certains que cela mènera à une amélioration de la situation aux frontières. Dans d’autres affaires, nous avons déjà vu la Cour justifier les pratiques de refoulement en invoquant le fait que les personnes en migration doivent utiliser les « points d’entrée officiels » pour demander l’asile. Cet argument est toutefois inopérant : le deal signé entre l’UE et la Turquie est justement fait pour que les Turcs retiennent les personnes exilées sur leur territoire et les empêchent de venir en Europe. Ces points d’entrée, c’est pour les touristes et les achats de cigarettes moins chères, aucune chance d’y demander l’asile. La plupart des plaignant.es que nous représentons ont depuis réussi à migrer dans d’autres pays de l’UE et ont été reconnu.es réfugié.es là-bas. Il est primordial de continuer de dénoncer ces méthodes illégales aux frontières malgré la pression accrue sur les ONGs et le monde militant. La Turquie et la Grèce instrumentalisent au maximum le sujet chacune de leur côté. En Turquie, certaines institutions publient et dénoncent le traitement grec des personnes en migration. Elles tentent de calculer le nombre de pushbacks et déplorent publiquement que la Grèce financée par l’UE gère si mal ses frontières. La Grèce quant à elle, dans son discours affirme qu’il s’agit de la propagande d’Erdogan. La vieille rengaine entre les deux pays… et pendant ce temps rien ne change! Il faudra certainement encore des années d’investigations et de dénonciation pour arriver à faire bouger la pratique, si une autre, encore plus dramatique, n’est pas inventée d’ici là. La prochaine piste à explorer est de tenter de faire qualifier les pushbacks en tant que crimes contre l’humanité, et de se battre sur le terrain pénal.</p>
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<p>Nous espérons une « décision position » de la CEDH, mais ne sommes tout de même pas certains que cela mènera à une amélioration de la situation aux frontières. Dans d’autres affaires, nous avons déjà vu la Cour justifier les pratiques de refoulement en invoquant le fait que les personnes en migration doivent utiliser les « points d’entrée officiels » pour demander l’asile. Cet argument est toutefois inopérant : le deal signé entre l’UE et la Turquie est justement fait pour que les Turcs retiennent les personnes exilées sur leur territoire et les empêchent de venir en Europe. Ces points d’entrée, c’est pour les touristes et les achats de cigarettes moins chères, aucune chance d’y demander l’asile. La plupart des plaignant.es que nous représentons ont depuis réussi à migrer dans d’autres pays de l’UE et ont été reconnu.es réfugié.es là-bas. Il est primordial de continuer de dénoncer ces méthodes illégales aux frontières malgré la pression accrue sur les ONGs et le monde militant. La Turquie et la Grèce instrumentalisent au maximum le sujet chacune de leur côté. En Turquie, certaines institutions publient et dénoncent le traitement grec des personnes en migration. Elles tentent de calculer le nombre de pushbacks et déplorent publiquement que la Grèce financée par l’UE gère si mal ses frontières. La Grèce quant à elle, dans son discours affirme qu’il s’agit de la propagande d’Erdogan. La vieille rengaine entre les deux pays… et pendant ce temps rien ne change! Il faudra certainement encore des années d’investigations et de dénonciation pour arriver à faire bouger la pratique, si une autre, encore plus dramatique, n’est pas inventée d’ici là. La prochaine piste à explorer est de tenter de faire qualifier les pushbacks en tant que crimes contre l’humanité, et de se battre sur le terrain pénal.</p>
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<h2>Sommaire</h2>
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<li><a href="/lexique-frontiere.html">Lexique : frontière</a></li>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<h2 id='site-subtitle'><div class="subtitle-box""">chroniques de luttes à la frontière franco-italienne</div></h2>
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<h2 class="entry-title">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</h2>
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<h2 class="entry-title">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</h2>
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<p>Nous opposons assez facilement à l’image de montagne-frontière celle d’une montagne-refuge, un récit qui s’appuie sur l’imaginaire montagnard, et quelques formules de bon sens : « on n’abandonne pas quelqu’un en montagne » ; « en refuge, on ne laisse personne dormir dehors, quitte à dormir sur et sous les tables », etc. Si ce récit peut correspondre à une certaine réalité, il comporte également un certain nombre de dangers. En ne nommant pas les violences racistes et sécuritaires qui rendent ces « refuges » nécessaires, il empêche de s’attaquer aux problèmes de fond. Il fait aussi de la montagne un territoire d’exception par rapport aux autres territoires, alors même que, par principe, la liberté de circulation devrait être défendue partout.</p>
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<p>Nous opposons assez facilement à l’image de montagne-frontière celle d’une montagne-refuge, un récit qui s’appuie sur l’imaginaire montagnard, et quelques formules de bon sens : « on n’abandonne pas quelqu’un en montagne » ; « en refuge, on ne laisse personne dormir dehors, quitte à dormir sur et sous les tables », etc. Si ce récit peut correspondre à une certaine réalité, il comporte également un certain nombre de dangers. En ne nommant pas les violences racistes et sécuritaires qui rendent ces « refuges » nécessaires, il empêche de s’attaquer aux problèmes de fond. Il fait aussi de la montagne un territoire d’exception par rapport aux autres territoires, alors même que, par principe, la liberté de circulation devrait être défendue partout.</p>
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<p>La mise en spectacle de l’hospitalité et des maraudes crée d’autre part une figure de héros-solidaire dont dépendent les personnes en exil pour arriver à bon port. C’est-à-dire qu’on naturalise l’idée selon laquelle les « solidaires » seraient indispensables aux personnes en exil, ce qui revient à les priver de leur capacité d’action et de leur autonomie. On recrée ainsi une situation de domination, dans laquelle le héros-solidaire confisque le pouvoir au lieu de contribuer à l’émancipation des personnes qu’il prétend aider.</p>
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<p>La mise en spectacle de l’hospitalité et des maraudes crée d’autre part une figure de héros-solidaire dont dépendent les personnes en exil pour arriver à bon port. C’est-à-dire qu’on naturalise l’idée selon laquelle les « solidaires » seraient indispensables aux personnes en exil, ce qui revient à les priver de leur capacité d’action et de leur autonomie. On recrée ainsi une situation de domination, dans laquelle le héros-solidaire confisque le pouvoir au lieu de contribuer à l’émancipation des personnes qu’il prétend aider.</p>
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<p>Comment alors faire exister des récits qui permettent l’émancipation des personnes en exil, et démontent les structures racistes ? A l’évidence, la première chose à faire est de rendre visible la ségrégation raciste que produit la frontière, et que les autorités cherchent à cacher. Reste ensuite à imaginer, et diffuser, des imaginaires territoriaux qui favorisent l’émergence d’espaces et de structures sociales émancipatrices.</p>
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<p>Comment alors faire exister des récits qui permettent l’émancipation des personnes en exil, et démontent les structures racistes ? A l’évidence, la première chose à faire est de rendre visible la ségrégation raciste que produit la frontière, et que les autorités cherchent à cacher. Reste ensuite à imaginer, et diffuser, des imaginaires territoriaux qui favorisent l’émergence d’espaces et de structures sociales émancipatrices.</p>
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<p><img alt="chez Marcel" src="../images/chezmarcel_plein.png"></p>
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<h3>ON NE DIT PAS DES HERBES SAUVAGES QU’ELLES FORMENT DES FORÊTS !?<sup id="fnref:4"><a class="footnote-ref" href="#fn:4">4</a></sup></h3>
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<h3>ON NE DIT PAS DES HERBES SAUVAGES QU’ELLES FORMENT DES FORÊTS !?<sup id="fnref:4"><a class="footnote-ref" href="#fn:4">4</a></sup></h3>
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<p>L’idée que tout le monde puisse circuler et s’installer où bon lui semble peut paraître aussi absurde que le titre de cet article. Pourtant, l’expérience montre qu’il peut exister des structures sociales et des modes d’organisation collectifs qui permettent aux personnes exilées d’être dans une posture d’acteur.ices et de regagner de l’autonomie. Des structures dans lesquelles la notion « d’étranger.e » ne fait que peu de sens et celle de « personne accueillie » est rapidement remplacée par celle de « cohabitant.e » ou de « voisin.e ». Comment seulement faire que ces possibles émancipateurs remplacent les conceptions racistes dans les imaginaires et les récits territoriaux ?</p>
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<p>L’idée que tout le monde puisse circuler et s’installer où bon lui semble peut paraître aussi absurde que le titre de cet article. Pourtant, l’expérience montre qu’il peut exister des structures sociales et des modes d’organisation collectifs qui permettent aux personnes exilées d’être dans une posture d’acteur.ices et de regagner de l’autonomie. Des structures dans lesquelles la notion « d’étranger.e » ne fait que peu de sens et celle de « personne accueillie » est rapidement remplacée par celle de « cohabitant.e » ou de « voisin.e ». Comment seulement faire que ces possibles émancipateurs remplacent les conceptions racistes dans les imaginaires et les récits territoriaux ?</p>
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<p>Lutter pour l’émancipation individuelle et collective c’est redonner le pouvoir d’agir aux personnes qui en ont été privées : un pouvoir d’auto-détermination, mais aussi et surtout un pouvoir d’agir politique. La politologue Fatima Ouassak, comme d’autres théori-cien.nes de la pensée décoloniale, montre que rien de cela ne peut se faire sans laisser aux personnes exilées un « accès à la Terre », et la possibilité de vivre où elles le souhaitent. Souvent considérées comme des sources d’insécurité potentielles, les personnes immigrées ou considérées comme telles ne sont presque jamais associées aux choix politiques ou urbanistiques impactant leurs lieux de vie. Les politiques locales mises en place par messieurs Murgia ou Hermitte sont une déclinaison locale de la politique sécuritaire en œuvre au niveau national : elles cherchent, presque explicitement, à faire du Briançonnais un territoire inhabitable pour toute une partie de la population. Les personnes exilées sont par défaut exclues, exceptionnellement tolérées, mais uniquement dans des lieux prévus à cet effet, qui incarnent l’imaginaire de la « bonne solidarité »; des lieux dans lesquels on peut être « accueilli », mais où on ne vit pas. Si l’on suit la proposition de Fatima Ouassak, l’enjeu n’est pas d’offrir aux personnes exilées un retour à la Terre au sens écolo-privilégié de l’expression, mais de leur rendre la possibilité d’habiter, comme elles veulent, et où elles veulent.</p>
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<p>Lutter pour l’émancipation individuelle et collective c’est redonner le pouvoir d’agir aux personnes qui en ont été privées : un pouvoir d’auto-détermination, mais aussi et surtout un pouvoir d’agir politique. La politologue Fatima Ouassak, comme d’autres théori-cien.nes de la pensée décoloniale, montre que rien de cela ne peut se faire sans laisser aux personnes exilées un « accès à la Terre », et la possibilité de vivre où elles le souhaitent. Souvent considérées comme des sources d’insécurité potentielles, les personnes immigrées ou considérées comme telles ne sont presque jamais associées aux choix politiques ou urbanistiques impactant leurs lieux de vie. Les politiques locales mises en place par messieurs Murgia ou Hermitte sont une déclinaison locale de la politique sécuritaire en œuvre au niveau national : elles cherchent, presque explicitement, à faire du Briançonnais un territoire inhabitable pour toute une partie de la population. Les personnes exilées sont par défaut exclues, exceptionnellement tolérées, mais uniquement dans des lieux prévus à cet effet, qui incarnent l’imaginaire de la « bonne solidarité »; des lieux dans lesquels on peut être « accueilli », mais où on ne vit pas. Si l’on suit la proposition de Fatima Ouassak, l’enjeu n’est pas d’offrir aux personnes exilées un retour à la Terre au sens écolo-privilégié de l’expression, mais de leur rendre la possibilité d’habiter, comme elles veulent, et où elles veulent.</p>
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<h2>Sommaire</h2>
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<h2>Sommaire</h2>
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<li><a href="/lexique-frontiere.html">Lexique : frontière</a></li>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>
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<h1><a href="/">ravages</a></h1>
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<h2 id='site-subtitle'><div class="subtitle-box""">chroniques de luttes à la frontière franco-italienne</div></h2>
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<h2 id='site-subtitle'><div class="subtitle-box""">chroniques de luttes à la frontière franco-italienne</div></h2>
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<h2 class="entry-title">Tadi taxi oula saroukh ?</h2>
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<h2 class="entry-title">Tadi taxi oula saroukh ?</h2>
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@ -85,6 +86,7 @@ Mais il faut pouvoir contrôler. Parce que un peu ça t’aide trop. Tu en prend
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<h2>Sommaire</h2>
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<h2>Sommaire</h2>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>
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<h2 id='site-subtitle'><div class="subtitle-box""">chroniques de luttes à la frontière franco-italienne</div></h2>
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<h2>Sommaire</h2>
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