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Title: Cartographie
Author: ravages
Date: 12/04/2023
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![Cartographie](../images/carte1.jpg)

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@ -20,24 +20,36 @@ Doublement enfants, les MNA du foyer sont souvent en partie privés de leur auto
**P:** Non, je lui ai même pas dit que cest pas bon, que je naime pas, je lui ai même pas dit, parce que M. lui avait déjà dit quil aimait pas, il a gouté et il a arrêté de manger, donc jai mangé pour quil soit plus à laise, jai mangé avec beaucoup de sel et après jai eu mal au ventre, mais cest passé. Depuis L. a fait dautres plats. Même aujourdhui il a fait une blanquette de veau, parce quon est allé regarder le match de foot et yavait personne pour faire la cuisine, donc cest lui qui nous a préparé la sauce.
[Pendant que P. parle, X, un autre jeune accueilli, pose une cagette de provisions sur la table du salon.]
![assiette](../images/integration%202.jpg)
**R:** Tas ramené quoi sur la table ?
**X:** Ça, ça vient des Restos du Coeur. Depuis quon la pris aux Restos du Coeur personne ne la mangé. Ça, cest pareil. Ça, cest de la crème fraiche, tu peux la jeter. Jai fait une liste mais personne na acheté ce que jai demandé. On peut parler des courses ? Concernant les courses, ya quelques éducateurs qui font comme sils étaient chez eux. Par exemple, un jour on a fait une liste, et quand léducatrice est arrivée elle a laissé la liste quon avait écrit et elle a acheté ce quelle voulait, et maintenant il parait quil nous reste plus assez de budget, mais elle, elle a acheté ce quelle voulait, de la crème fraiche, du café, pourtant il y avait déjà du café, mais elle en a racheté au lieu dacheter ce que nous on avait écrit. Elle a acheté ce quelle voulait, parce que cest elle qui fait les courses ici. Ya beaucoup de choses quils achètent [les éducateurs], bon, si tachètes et que tu fais la cuisine pour nous, si on ta dit que cest bon, alors on peut accepter, mais si on mange pas ce que tu cuisines, cest pas acceptable.
![Tu le manges quand même c'est un plat français](../images/integration%203.jpg)
**R:** Et vous allez jamais faire les courses vous-mêmes?
**P:** Bien sûr, avant on allait faire les courses une fois par semaine, mais depuis le mois du Ramadan on a arrêté. Seulement hier on est retourné faire des courses, on est parti tous les trois, on a fait une liste, et un éducateur nous a dit quon navait plus de budget et quon devait faire attention. Quand on est allé au supermarché on a compté. Jai dit à léducateur qui était venu avec nous, trente-cinq euros pour finir le mois, on ne peut pas acheter tout ce quon veut, donc jachète, et si le budget finit tu dis au chef que ce mois-ci on a dépassé le budget, pour quil puisse compter sur le mois prochain. Il a dit « non, je vais me faire engueuler par le chef ». Moi jai laissé le chariot sur place et je suis rentré à la maison. En rentrant il ma crié dessus, il ma dit que je métais mal comporté avec lui.
![Tu le manges quand même c'est un plat français](../images/integration%204.jpg)
**X:** Ici on a 150€ par mois pour la nourriture, par personne [ils sont six], et à part Z. qui amène sa nourriture à la maison, les autres ils mangent ce quil y a dans le frigo. Si quelquun vient et ne cuisine pas, il ne devrait pas manger avec nous. Mais si la personne cuisine, elle peut manger avec nous, cest donnant donnant. Est-ce que vous êtes ici pour cuisiner ou est-ce que vous êtes ici pour manger notre argent ? Sils cuisinent ça peut aller. Quand L. a dit quon navait plus dargent ça ma étonné, parce quon nest pas allé faire les courses depuis le Ramadan, cest les éducateurs qui amènent à manger. On na pas pu acheter pour 900€ de nourriture en deux semaines, cest pas possible.
**R:** Est-ce que vous allez aussi au Secours Populaire ou aux Restos du Cœur pour les courses ?
**P:** Avant on partait, quand le budget de la nourriture cétait 900 euros, on partait chaque mercredi, et quand ils ont ajouté 100 euros sur le budget, ce qui fait 1000 euros, on nous a dit quon nallait plus aller là-bas. Jai dit daccord. Jusquà présent personne nest retourné là-bas parce que la déci-sion vient du chef. Nous on ne peut plus rien dire. On a même fait deux jours, il ny avait plus rien dans le frigo, on a parlé avec léducateur, il a dit quil pouvait pas aller faire les courses. Alors jai fait en sorte quon puisse avoir à manger, je crois que cétait la pomme de terre que javais fait, jai cuit les pommes de terre avec les œufs, cest ça que jai fait à manger. Il ny avait pas de poulet, il ny avait pas de riz, pas de couscous. Même jai parlé avec le directeur ici, à la réunion, il a dit quon pouvait faire une liste de courses mais ce que les éducateurs achètent on est obligé de laccepter. Il dit « si tout à lheure L. part acheter de la crème fraîche, et si toi tu naimes pas, tu le manges quand même, cest un plat français. »
![Tu le manges quand même c'est un plat français](../images/integration%205.jpg)
**R:** Et vous en pensez quoi quand ils vous disent des trucs comme «Il faut manger français, cest important pour votre intégration» ?
**P:** On peut manger des plats, de la nourriture française, quand nous sommes arrivés cest ce quon mangeait, puisquon navait pas commencé à préparer nous-mêmes à manger. Cest les éducateurs qui préparent à manger, mais nous aussi on veut essayer de faire des trucs, laissez-nous tranquillement faire notre truc, on se met à laise et ça passe. Nous on veut juste pouvoir faire nos courses, et eux [les éducateurs] ils sont là pour signer les reçus, même pas pour payer avec leur argent, pour signer le reçu seulement. Après on revient à la maison. Cest ce quon veut.
![Tu le manges quand même c'est un plat français](../images/integration%206.jpg)
**R:** Ya dautres choses que vous navez pas le droit de faire ici ?
**P:** Un jour un ami ma envoyé de la semoule de manioc, que nous on appelle en Côte dIvoire de lattiéké, quon mange beaucoup avec la main, jamais avec une cuillère, même les riches ils mangent avec la main. Ce jour-là jai fait de lattiéké, avec des haricots, des œufs, et on a mangé avec A. [un jeune pris en charge par lassociation]. On était à laise, on mangeait, et moi mon plat était un peu caché, parce quun éducateur était là mais il voyait pas, et quand il est rentré dans la cuisine il a vu A., et il a commencé à dire « Mais quest-ce que tu fais ? » Moi je parlais pas, je mangeais, et léducateur a commencé à crier sur A., « Les gars ça se fait pas ici, on na pas le droit de manger avec la main. » Il a continué à parler, mais moi à un moment jai pris la parole et on sest engueulé. Il a dit « et si Emmanuel Macron il arrive tout à lheure, est-ce que tu mangeras avec la main? » Jai dit « il est où Emmanuel Macron? Je sais que la France cest pour toi, mais la Côte dIvoire cest pour moi, je mange avec la main, tu peux pas me forcer à manger avec une cuillère », parce quon est chez nous ici, même si cest pas chez nous, on dort ici, on mange ici, on fait tout ici, donc cest chez nous. Il me dit « Et si on te voyait dans un restaurant ? » Je lui dis « Déjà moi jaime pas aller dans les restaurants, jaime pas, je préfère manger chez moi, à laise, tranquille, je bois mon eau et jai fini. » Avec un repas au restaurant ça me fait deux semaines de courses à la maison, donc chez moi cest mieux. Après dautres éducateurs sont arrivés et nous ont dit quon ne pouvait pas manger avec la main. Nous on a dit, « quand on mange, allez dans le bureau, fermez le bureau, et laissez-nous manger dans la cuisine. Vous êtes là pour travailler avec nous, pas pour venir faire votre loi comme vous faites avec vos enfants. » Ca sest passé comme ça avec eux. Après le chef est venu, il a essayé de nous obliger à manger avec une cuillère ou une fourchette, il a dit « parce que quand vous allez commencer votre apprentissage, vous allez manger avec des collègues, et si vous mangez avec votre main... » Jai dit « Déjà jai pas encore commencé lapprentissage, et quand je commence, si je vois que tous mes amis ont des cuillères, moi aussi je vais prendre une cuillère, je vais pas manger devant eux avec ma main. Mais ici je suis chez moi cest pour ça que je mange avec la main. » Si jai envie de manger avec ma main, je mange avec ma main. Tout est comme ça ici. Hier jai dit au nouvel éducateur, « Ici je vis dans une petite prison. Je vis dans une petite prison. »
![Tu le manges quand même c'est un plat français](../images/integration%207.jpg)

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@ -18,6 +18,8 @@ Quant à celles et ceux qui ont le malheur darriver tout droit de plus loin
Fiction juridique, la frontière nen est pas moins réelle pour celles et ceux qui la traversent chaque jour sans la bonne couleur de peau, ou à défaut les bons papiers. Et si elle reste une construction historique relativement récente, cest dans le registre de luniversel que la frontière puise sa légitimité, jusquà devenir une évidence territoriale, une sorte de sens commun dans la manière dont nous envisageons lespace. Pourtant, et cest ce qui nous intéresse dans la partie suivante, les frontières nont rien de naturel, et leur adéquation avec certains traits de paysage comme les rivières ou les montagnes est elle aussi une fabrication nationale.
![sommets](../images/Sommets.jpg)
### FRONTIÈRES SYNTHÉTIQUES
Au XVIIe siècle le mot « frontière désignait une ligne de front, celle qui se tenait face à lennemi, peu importe que celui-ci se trouve au milieu ou en périphérie dun territoire donné. La « frontière » délimitait une zone de défense. Cest au siècle suivant que frontières militaires et frontières nationales ont commencé à coïncider, dans les écrits officiels comme dans ceux des Lumières, qui sévertuaient alors à ancrer la nation dans un territoire propre. Bien souvent cest dans le paysage que les philosophes allaient piocher pour donner à la nation ses limites. Pour Rousseau ou Montesquieu, la nature avait établi sur Terre les frontières idéales de la France et des autres Etats : le Rhin, les Pyrénées et les Alpes fournissaient à la jeune nation française des limites toutes trouvées. Cest la Révolution, autrement dit, qui nationalisa lidée dune frontière dite naturelle, et naturalisa celle des frontières nationales.

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@ -9,6 +9,8 @@ Nombreuses sont les personnes qui osent tout de même la traversée, par voie te
Au paroxysme de cette politique migratoire violente et violatrice des droits les plus fondamentaux se trouve le recours quasi systématique aux refoulements, ou « pushbacks ». Pour répondre à nos questions sur cette pratique, nous avons contacté Marion, avocate au Legal Centre Lesvos (LCL) en Grèce.
![fill1](../images/fill%201.jpg)
**Ravages: ** Depuis quand les pushbacks existent-ils en Grèce ?
**Marion :** Cest une pratique bien connue depuis le début des années 2000 à la frontière terrestre dans le nord de la Grèce. Pour les renvois en pleine mer, avant 2020 cétait plus rare, on avait seulement connaissance de quelques épisodes isolés. Une fois la pandémie [de COVID] déclarée, les autorités grecques en ont profité pour instaurer cette nouvelle pratique de refoulements illégaux et clandestins. Avec des durcissements législatifs successifs du droit dasile survenus en parallèle, cest clairement devenu la norme.
@ -31,9 +33,12 @@ Les personnes refoulées de la sorte vers la Turquie se retrouvent sans papiers,
**M : ** On a déjà entendu la commissaire à lUnion européenne Yvla Johansson dire que la Grèce doit être « le bouclier de lUnion ». Elle réagit toujours après les publications darticles accablants sur le sujet des pushbacks en Grèce, mais au final rien ne bouge et rien ne change. Donc pour le Legal Centre Lesvos, cest évident que lUnion européenne valide ces pratiques, autant par le manque de positionnement clair que par le financement direct attribué aux opérations aux frontières. Chaque année, des millions deuros sont alloués pour les interventions aux frontières en bateaux, drones, radars, caméras infrarouge, caméras thermiques et autres technologies toujours plus sophistiquées… Et tout cela sans compter largent dédié à lagence Frontex5 ! Cest donc difficile de croire que lUE nest pas complice... Largument de lEtat souverain gardien de ses frontières a alors souvent bon dos pour dire que cest aux Grecs de ré-agir, mais lUnion Européenne demeure en grade partie le trésorier de ces pratiques. Ces politiques sont donc indirectement payées par nous toustes...
![Monstres en mer](../images/monstre_plein.jpg)
**R: ** Quelle est la stratégie du Legal Centre Lesvos, en sachant que votre terrain daction est celui du plaidoyer et du combat juridique ?
**M : ** Les actions intentées devant les tribunaux nationaux grecs étant systématiquement classées sans suite, sans que des enquêtes indépendantes et sérieuses ne soient menées, nous avons été for-cé.es de saisir la Cour Européenne des Droits de lHomme (CEDH) pour tenter dobtenir une prise de position officielle dune institution, et surtout une réparation pour les victimes. 32 demandes, incluant deux cas représentés par le Legal Centre Lesvos, ont été communiquées à la Grèce en décembre 2021, et sont actuellement en attente dune décision. Dautres plaintes ont été déposées mais nont pour linstant toujours pas été étudiées, malgré les preuves déposées, sans que nous sachions pourquoi. Largumentaire juridique dans ces cas est majoritairement basé sur larticle 2 de la Convention Européenne des Droits de lHomme mise en danger de la vie dautrui , larticle 3 traitements inhumains, dégradants et tortures , et larticle 5 détention arbitraire. La Grèce est le seule pays de lUnion européenne qui na jamais ratifié le protocole 4 de la Convention consacrant le principe dinterdiction des refoulements et linterdiction des expulsions collectives ce qui, de fait, exclu une condamnation sur ce seul fondement.
Nous espérons une « décision position » de la CEDH, mais ne sommes tout de même pas certains que cela mènera à une amélioration de la situation aux frontières. Dans dautres affaires, nous avons déjà vu la Cour justifier les pratiques de refoulement en invoquant le fait que les personnes en migration doivent utiliser les « points dentrée officiels » pour demander lasile. Cet argument est toutefois inopérant : le deal signé entre lUE et la Turquie est justement fait pour que les Turcs retiennent les personnes exilées sur leur territoire et les empêchent de venir en Europe. Ces points dentrée, cest pour les touristes et les achats de cigarettes moins chères, aucune chance dy demander lasile. La plupart des plaignant.es que nous représentons ont depuis réussi à migrer dans dautres pays de lUE et ont été reconnu.es réfugié.es là-bas. Il est primordial de continuer de dénoncer ces méthodes illégales aux frontières malgré la pression accrue sur les ONGs et le monde militant. La Turquie et la Grèce instrumentalisent au maximum le sujet chacune de leur côté. En Turquie, certaines institutions publient et dénoncent le traitement grec des personnes en migration. Elles tentent de calculer le nombre de pushbacks et déplorent publiquement que la Grèce financée par lUE gère si mal ses frontières. La Grèce quant à elle, dans son discours affirme quil sagit de la propagande dErdogan. La vieille rengaine entre les deux pays… et pendant ce temps rien ne change! Il faudra certainement encore des années dinvestigations et de dénonciation pour arriver à faire bouger la pratique, si une autre, encore plus dramatique, nest pas inventée dici là. La prochaine piste à explorer est de tenter de faire qualifier les pushbacks en tant que crimes contre lhumanité, et de se battre sur le terrain pénal.
![Fill plantes](../images/fill%202.jpg)

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@ -34,6 +34,8 @@ La mise en spectacle de lhospitalité et des maraudes crée dautre part un
Comment alors faire exister des récits qui permettent lémancipation des personnes en exil, et démontent les structures racistes ? A lévidence, la première chose à faire est de rendre visible la ségrégation raciste que produit la frontière, et que les autorités cherchent à cacher. Reste ensuite à imaginer, et diffuser, des imaginaires territoriaux qui favorisent lémergence despaces et de structures sociales émancipatrices.
![chez Marcel](../images/chezmarcel_plein.png)
### ON NE DIT PAS DES HERBES SAUVAGES QUELLES FORMENT DES FORÊTS !?[^4]
Lidée que tout le monde puisse circuler et sinstaller où bon lui semble peut paraître aussi absurde que le titre de cet article. Pourtant, lexpérience montre quil peut exister des structures sociales et des modes dorganisation collectifs qui permettent aux personnes exilées dêtre dans une posture dacteur.ices et de regagner de lautonomie. Des structures dans lesquelles la notion « détranger.e » ne fait que peu de sens et celle de « personne accueillie » est rapidement remplacée par celle de « cohabitant.e » ou de « voisin.e ». Comment seulement faire que ces possibles émancipateurs remplacent les conceptions racistes dans les imaginaires et les récits territoriaux ?

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@ -2,3 +2,5 @@ Title: Contact
Author: ravages
On aimerait bien que d'autres personnes écrivent, parlent, témoignent dans les prochains numéros. Si vous avez des questions ou des propositions vous pouvez nous contacter à l'adresse : _revue.ravages@proton.me_
![blaireau explosif](../images/blaireau%20explosif.jpg)

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@ -17,4 +17,3 @@ Textes : FleurBleu, KroustiKebs, Mody-Bic, Biche, Plume, Verveine Citronnée, Li
Illustrations : Le dindon de la furss, Nao, vrrhngt, Plume, François, Léon.
[^1]: Cest pour rire...
l

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@ -11,22 +11,25 @@
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<h1>Archives for ravages</h1>
<dl>
<dt>lun. 04 décembre 2023</dt>
<dd><a href="/cartographie.html">Cartographie</a></dd>
<dt>lun. 04 décembre 2023</dt>
<dd><a href="/la-jauge-du-refuge-solidaire-lacueil-inconditionnel-conditionne.html">La jauge du Refuge solidaire : l'acueil inconditionnel conditionné</a></dd>
<dt>lun. 04 décembre 2023</dt>
@ -45,6 +48,7 @@
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<h2>Sommaire</h2>
<ul>
<li><a href="/cartographie.html">Cartographie</a></li>
<li><a href="/lexique-frontiere.html">Lexique : frontière</a></li>
<li><a href="/remplacer-les-frontieres-par-des-forets-dherbes-sauvages-des-imaginaires-territoriaux-emancipateurs-contre-linvisibilisation-des-frontieres.html">Remplacer les frontières par des forêts d'herbes sauvages : des imaginaires territoriaux émancipateurs contre l'invisibilisation des frontières</a></li>
<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>

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@ -11,19 +11,20 @@
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<section id="content" >
<h1>Edito</h1>
<p>Tu tiens dans tes mains le premier numéro dune revue qui a failli sappeler autrement. On avait pensé à Roue Libre, La Brèche, Le Pas-Sage, et même Le Blaireau Explosif. Finalement la revue sappelle Ravages, avec un « s », parce quon est plusieurs à écrire là-dedans et surtout parce que des ravages y en a plein. Dans ldico ya écrit quun ravage est un dégât matériel causé de façon violente par laction des gens ou de la nature. Cest aussi « leffet désastreux de quelque chose sur quelquun », comme quand on parle des ravages de la guerre, ou de ceux du salariat.</p>
<p>Loin de simaginer comme des cataclysmes de chair et dos qui répandraient la colère à laide de petites revues, lidée est plutôt de témoigner des ravages de notre époque à partir dun point dobservation précis, celui de la frontière franco-italienne à Briançon. On sest dit que ça manquait un peu, dans le paysage militant du coin. Alors on a commencé à écrire. Certains de nos articles sont écrits à quatre, six, huit, parfois dix mains ! Et cétait pas toujours facile. Entre nous les critiques étaient vives, et certaines oreilles sourdes au moindre reproche<sup id="fnref:1"><a class="footnote-ref" href="#fn:1">1</a></sup>.</p>
@ -35,8 +36,7 @@
<hr>
<ol>
<li id="fn:1">
<p>Cest pour rire...
l&#160;<a class="footnote-backref" href="#fnref:1" title="Jump back to footnote 1 in the text">&#8617;</a></p>
<p>Cest pour rire...&#160;<a class="footnote-backref" href="#fnref:1" title="Jump back to footnote 1 in the text">&#8617;</a></p>
</li>
</ol>
</div>
@ -45,6 +45,7 @@ l&#160;<a class="footnote-backref" href="#fnref:1" title="Jump back to footnote
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<h2>Sommaire</h2>
<ul>
<li><a href="/cartographie.html">Cartographie</a></li>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>

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<section id="content" >
<h1>Edito</h1>
<p>Tu tiens dans tes mains le premier numéro dune revue qui a failli sappeler autrement. On avait pensé à Roue Libre, La Brèche, Le Pas-Sage, et même Le Blaireau Explosif. Finalement la revue sappelle Ravages, avec un « s », parce quon est plusieurs à écrire là-dedans et surtout parce que des ravages y en a plein. Dans ldico ya écrit quun ravage est un dégât matériel causé de façon violente par laction des gens ou de la nature. Cest aussi « leffet désastreux de quelque chose sur quelquun », comme quand on parle des ravages de la guerre, ou de ceux du salariat.</p>
<p>Loin de simaginer comme des cataclysmes de chair et dos qui répandraient la colère à laide de petites revues, lidée est plutôt de témoigner des ravages de notre époque à partir dun point dobservation précis, celui de la frontière franco-italienne à Briançon. On sest dit que ça manquait un peu, dans le paysage militant du coin. Alors on a commencé à écrire. Certains de nos articles sont écrits à quatre, six, huit, parfois dix mains ! Et cétait pas toujours facile. Entre nous les critiques étaient vives, et certaines oreilles sourdes au moindre reproche<sup id="fnref:1"><a class="footnote-ref" href="#fn:1">1</a></sup>.</p>
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<p>Cest pour rire...&#160;<a class="footnote-backref" href="#fnref:1" title="Jump back to footnote 1 in the text">&#8617;</a></p>
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<h2>Sommaire</h2>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>

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@ -11,28 +11,30 @@
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<h1>Authors on ravages</h1>
<ul>
<li><a href="/author/ravages.html">ravages</a> (6)</li>
<li><a href="/author/ravages.html">ravages</a> (7)</li>
</ul>
</section>
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<h2>Sommaire</h2>
<ul>
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<li><a href="/lintegration-a-coups-de-patates.html">L'intégration à coups de patates</a></li>

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En 2015 cette frontière sest partiellement refermée. LEtat a établi une liste de 285 points stratégiques, appelés points de passages autorisés (PPA), autour desquels les contrôles didentité ont été légalisés, sans que personne ne soit ni recherché ni pris en flagrant délit de quoi que ce soit. Officiellement ce rétablissement des contrôles aux frontières ne pouvait durer que 6 mois, et nêtre renouvelé que pour une durée totale de deux ans. Pourtant, cela fait maintenant 8 ans que la police contrôle, expulse et enferme le long de la frontière sans aucune base légale.&lt;/p&gt;
&lt;p&gt;Quant à celles et ceux qui ont le malheur darriver tout droit de plus loin dun pays extérieur à la zone Schengen lEtat a là encore une solution. Depuis 1992, des zones appelées « zones dattente » il y en a presque 100 en France permettent aux autorités de contrôler lidentité des gens et de les immobiliser, jusquà 26 jours, dans les ports, les aéroports et les gares internationales. En 2003, ces zones ont été étendues des points de débarquement à leurs environs, ce qui implique, en clair, que toutes les côtes françaises sont désormais des lieux où les immobilisations arbitraires sont possibles, et légales.&lt;/p&gt;
&lt;p&gt;Fiction juridique, la frontière nen est pas moins réelle pour celles et ceux qui la traversent chaque jour sans la bonne couleur de peau, ou à défaut les bons papiers. Et si elle reste une construction historique relativement récente, cest dans le registre de luniversel que la frontière puise sa légitimité, jusquà devenir une évidence territoriale, une sorte de sens commun dans la manière dont nous envisageons lespace. Pourtant, et cest ce qui nous intéresse dans la partie suivante, les frontières nont rien de naturel, et leur adéquation avec certains traits de paysage comme les rivières ou les montagnes est elle aussi une fabrication nationale.&lt;/p&gt;
&lt;p&gt;&lt;img alt="sommets" src="../images/Sommets.jpg"&gt;&lt;/p&gt;
&lt;h3&gt;FRONTIÈRES SYNTHÉTIQUES&lt;/h3&gt;
&lt;p&gt;Au XVIIe siècle le mot « frontière désignait une ligne de front, celle qui se tenait face à lennemi, peu importe que celui-ci se trouve au milieu ou en périphérie dun territoire donné. La « frontière » délimitait une zone de défense. Cest au siècle suivant que frontières militaires et frontières nationales ont commencé à coïncider, dans les écrits officiels comme dans ceux des Lumières, qui sévertuaient alors à ancrer la nation dans un territoire propre. Bien souvent cest dans le paysage que les philosophes allaient piocher pour donner à la nation ses limites. Pour Rousseau ou Montesquieu, la nature avait établi sur Terre les frontières idéales de la France et des autres Etats : le Rhin, les Pyrénées et les Alpes fournissaient à la jeune nation française des limites toutes trouvées. Cest la Révolution, autrement dit, qui nationalisa lidée dune frontière dite naturelle, et naturalisa celle des frontières nationales.&lt;/p&gt;
&lt;p&gt;Dans son histoire du Rhin, Lucien Febvre retrace les enjeux nationalistes du fleuve qui marque la frontière entre lAllemagne et la France. Alors que depuis le XVIe siècle le Rhin était considéré en Allemagne comme un fleuve sacré et sacrément national, lhistorien démontre au contraire comment le fleuve fut, au cours de lhistoire, un lieu déchanges économiques, culturels et linguistiques. Le fleuve, comme la frontière quil trace dans la géographie européenne, figure non pas comme un donné naturel mais comme un produit de lhistoire humaine, et loutil naturel dune politique nationaliste.&lt;/p&gt;

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En 2015 cette frontière sest partiellement refermée. LEtat a établi une liste de 285 points stratégiques, appelés points de passages autorisés (PPA), autour desquels les contrôles didentité ont été légalisés, sans que personne ne soit ni recherché ni pris en flagrant délit de quoi que ce soit. Officiellement ce rétablissement des contrôles aux frontières ne pouvait durer que 6 mois, et nêtre renouvelé que pour une durée totale de deux ans. Pourtant, cela fait maintenant 8 ans que la police contrôle, expulse et enferme le long de la frontière sans aucune base légale.&lt;/p&gt;
&lt;p&gt;Quant à celles et ceux qui ont le malheur darriver tout droit de plus loin dun pays extérieur à la zone Schengen lEtat a là encore une solution. Depuis 1992, des zones appelées « zones dattente » il y en a presque 100 en France permettent aux autorités de contrôler lidentité des gens et de les immobiliser, jusquà 26 jours, dans les ports, les aéroports et les gares internationales. En 2003, ces zones ont été étendues des points de débarquement à leurs environs, ce qui implique, en clair, que toutes les côtes françaises sont désormais des lieux où les immobilisations arbitraires sont possibles, et légales.&lt;/p&gt;
&lt;p&gt;Fiction juridique, la frontière nen est pas moins réelle pour celles et ceux qui la traversent chaque jour sans la bonne couleur de peau, ou à défaut les bons papiers. Et si elle reste une construction historique relativement récente, cest dans le registre de luniversel que la frontière puise sa légitimité, jusquà devenir une évidence territoriale, une sorte de sens commun dans la manière dont nous envisageons lespace. Pourtant, et cest ce qui nous intéresse dans la partie suivante, les frontières nont rien de naturel, et leur adéquation avec certains traits de paysage comme les rivières ou les montagnes est elle aussi une fabrication nationale.&lt;/p&gt;
&lt;p&gt;&lt;img alt="sommets" src="../images/Sommets.jpg"&gt;&lt;/p&gt;
&lt;h3&gt;FRONTIÈRES SYNTHÉTIQUES&lt;/h3&gt;
&lt;p&gt;Au XVIIe siècle le mot « frontière désignait une ligne de front, celle qui se tenait face à lennemi, peu importe que celui-ci se trouve au milieu ou en périphérie dun territoire donné. La « frontière » délimitait une zone de défense. Cest au siècle suivant que frontières militaires et frontières nationales ont commencé à coïncider, dans les écrits officiels comme dans ceux des Lumières, qui sévertuaient alors à ancrer la nation dans un territoire propre. Bien souvent cest dans le paysage que les philosophes allaient piocher pour donner à la nation ses limites. Pour Rousseau ou Montesquieu, la nature avait établi sur Terre les frontières idéales de la France et des autres Etats : le Rhin, les Pyrénées et les Alpes fournissaient à la jeune nation française des limites toutes trouvées. Cest la Révolution, autrement dit, qui nationalisa lidée dune frontière dite naturelle, et naturalisa celle des frontières nationales.&lt;/p&gt;
&lt;p&gt;Dans son histoire du Rhin, Lucien Febvre retrace les enjeux nationalistes du fleuve qui marque la frontière entre lAllemagne et la France. Alors que depuis le XVIe siècle le Rhin était considéré en Allemagne comme un fleuve sacré et sacrément national, lhistorien démontre au contraire comment le fleuve fut, au cours de lhistoire, un lieu déchanges économiques, culturels et linguistiques. Le fleuve, comme la frontière quil trace dans la géographie européenne, figure non pas comme un donné naturel mais comme un produit de lhistoire humaine, et loutil naturel dune politique nationaliste.&lt;/p&gt;

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<section id="content" class="edito_content" >
<h1>Edito</h1>
<p>Tu tiens dans tes mains le premier numéro dune revue qui a failli sappeler autrement. On avait pensé à Roue Libre, La Brèche, Le Pas-Sage, et même Le Blaireau Explosif. Finalement la revue sappelle Ravages, avec un « s », parce quon est plusieurs à écrire là-dedans et surtout parce que des ravages y en a plein. Dans ldico ya écrit quun ravage est un dégât matériel causé de façon violente par laction des gens ou de la nature. Cest aussi « leffet désastreux de quelque chose sur quelquun », comme quand on parle des ravages de la guerre, ou de ceux du salariat.</p>
<p>Loin de simaginer comme des cataclysmes de chair et dos qui répandraient la colère à laide de petites revues, lidée est plutôt de témoigner des ravages de notre époque à partir dun point dobservation précis, celui de la frontière franco-italienne à Briançon. On sest dit que ça manquait un peu, dans le paysage militant du coin. Alors on a commencé à écrire. Certains de nos articles sont écrits à quatre, six, huit, parfois dix mains ! Et cétait pas toujours facile. Entre nous les critiques étaient vives, et certaines oreilles sourdes au moindre reproche<sup id="fnref:1"><a class="footnote-ref" href="#fn:1">1</a></sup>.</p>
@ -35,8 +36,7 @@
<hr>
<ol>
<li id="fn:1">
<p>Cest pour rire...
l&#160;<a class="footnote-backref" href="#fnref:1" title="Jump back to footnote 1 in the text">&#8617;</a></p>
<p>Cest pour rire...&#160;<a class="footnote-backref" href="#fnref:1" title="Jump back to footnote 1 in the text">&#8617;</a></p>
</li>
</ol>
</div>
@ -45,6 +45,7 @@ l&#160;<a class="footnote-backref" href="#fnref:1" title="Jump back to footnote
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<h1>Edito</h1>
<p>Tu tiens dans tes mains le premier numéro dune revue qui a failli sappeler autrement. On avait pensé à Roue Libre, La Brèche, Le Pas-Sage, et même Le Blaireau Explosif. Finalement la revue sappelle Ravages, avec un « s », parce quon est plusieurs à écrire là-dedans et surtout parce que des ravages y en a plein. Dans ldico ya écrit quun ravage est un dégât matériel causé de façon violente par laction des gens ou de la nature. Cest aussi « leffet désastreux de quelque chose sur quelquun », comme quand on parle des ravages de la guerre, ou de ceux du salariat.</p>
<p>Loin de simaginer comme des cataclysmes de chair et dos qui répandraient la colère à laide de petites revues, lidée est plutôt de témoigner des ravages de notre époque à partir dun point dobservation précis, celui de la frontière franco-italienne à Briançon. On sest dit que ça manquait un peu, dans le paysage militant du coin. Alors on a commencé à écrire. Certains de nos articles sont écrits à quatre, six, huit, parfois dix mains ! Et cétait pas toujours facile. Entre nous les critiques étaient vives, et certaines oreilles sourdes au moindre reproche<sup id="fnref:1"><a class="footnote-ref" href="#fn:1">1</a></sup>.</p>
@ -35,8 +36,7 @@
<hr>
<ol>
<li id="fn:1">
<p>Cest pour rire...
l&#160;<a class="footnote-backref" href="#fnref:1" title="Jump back to footnote 1 in the text">&#8617;</a></p>
<p>Cest pour rire...&#160;<a class="footnote-backref" href="#fnref:1" title="Jump back to footnote 1 in the text">&#8617;</a></p>
</li>
</ol>
</div>
@ -45,6 +45,7 @@ l&#160;<a class="footnote-backref" href="#fnref:1" title="Jump back to footnote
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<h2 class="entry-title">Lexique : frontière</h2>
@ -43,6 +44,7 @@
En 2015 cette frontière sest partiellement refermée. LEtat a établi une liste de 285 points stratégiques, appelés points de passages autorisés (PPA), autour desquels les contrôles didentité ont été légalisés, sans que personne ne soit ni recherché ni pris en flagrant délit de quoi que ce soit. Officiellement ce rétablissement des contrôles aux frontières ne pouvait durer que 6 mois, et nêtre renouvelé que pour une durée totale de deux ans. Pourtant, cela fait maintenant 8 ans que la police contrôle, expulse et enferme le long de la frontière sans aucune base légale.</p>
<p>Quant à celles et ceux qui ont le malheur darriver tout droit de plus loin dun pays extérieur à la zone Schengen lEtat a là encore une solution. Depuis 1992, des zones appelées « zones dattente » il y en a presque 100 en France permettent aux autorités de contrôler lidentité des gens et de les immobiliser, jusquà 26 jours, dans les ports, les aéroports et les gares internationales. En 2003, ces zones ont été étendues des points de débarquement à leurs environs, ce qui implique, en clair, que toutes les côtes françaises sont désormais des lieux où les immobilisations arbitraires sont possibles, et légales.</p>
<p>Fiction juridique, la frontière nen est pas moins réelle pour celles et ceux qui la traversent chaque jour sans la bonne couleur de peau, ou à défaut les bons papiers. Et si elle reste une construction historique relativement récente, cest dans le registre de luniversel que la frontière puise sa légitimité, jusquà devenir une évidence territoriale, une sorte de sens commun dans la manière dont nous envisageons lespace. Pourtant, et cest ce qui nous intéresse dans la partie suivante, les frontières nont rien de naturel, et leur adéquation avec certains traits de paysage comme les rivières ou les montagnes est elle aussi une fabrication nationale.</p>
<p><img alt="sommets" src="../images/Sommets.jpg"></p>
<h3>FRONTIÈRES SYNTHÉTIQUES</h3>
<p>Au XVIIe siècle le mot « frontière désignait une ligne de front, celle qui se tenait face à lennemi, peu importe que celui-ci se trouve au milieu ou en périphérie dun territoire donné. La « frontière » délimitait une zone de défense. Cest au siècle suivant que frontières militaires et frontières nationales ont commencé à coïncider, dans les écrits officiels comme dans ceux des Lumières, qui sévertuaient alors à ancrer la nation dans un territoire propre. Bien souvent cest dans le paysage que les philosophes allaient piocher pour donner à la nation ses limites. Pour Rousseau ou Montesquieu, la nature avait établi sur Terre les frontières idéales de la France et des autres Etats : le Rhin, les Pyrénées et les Alpes fournissaient à la jeune nation française des limites toutes trouvées. Cest la Révolution, autrement dit, qui nationalisa lidée dune frontière dite naturelle, et naturalisa celle des frontières nationales.</p>
<p>Dans son histoire du Rhin, Lucien Febvre retrace les enjeux nationalistes du fleuve qui marque la frontière entre lAllemagne et la France. Alors que depuis le XVIe siècle le Rhin était considéré en Allemagne comme un fleuve sacré et sacrément national, lhistorien démontre au contraire comment le fleuve fut, au cours de lhistoire, un lieu déchanges économiques, culturels et linguistiques. Le fleuve, comme la frontière quil trace dans la géographie européenne, figure non pas comme un donné naturel mais comme un produit de lhistoire humaine, et loutil naturel dune politique nationaliste.</p>
@ -59,6 +61,7 @@ En 2015 cette frontière sest partiellement refermée. LEtat a établi une
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@ -43,23 +44,30 @@
<p><strong>R:</strong> Et tu lui as pas dit que tu voulais pas le manger?</p>
<p><strong>P:</strong> Non, je lui ai même pas dit que cest pas bon, que je naime pas, je lui ai même pas dit, parce que M. lui avait déjà dit quil aimait pas, il a gouté et il a arrêté de manger, donc jai mangé pour quil soit plus à laise, jai mangé avec beaucoup de sel et après jai eu mal au ventre, mais cest passé. Depuis L. a fait dautres plats. Même aujourdhui il a fait une blanquette de veau, parce quon est allé regarder le match de foot et yavait personne pour faire la cuisine, donc cest lui qui nous a préparé la sauce.
[Pendant que P. parle, X, un autre jeune accueilli, pose une cagette de provisions sur la table du salon.]</p>
<p><img alt="assiette" src="../images/integration%202.jpg"></p>
<p><strong>R:</strong> Tas ramené quoi sur la table ?</p>
<p><strong>X:</strong> Ça, ça vient des Restos du Coeur. Depuis quon la pris aux Restos du Coeur personne ne la mangé. Ça, cest pareil. Ça, cest de la crème fraiche, tu peux la jeter. Jai fait une liste mais personne na acheté ce que jai demandé. On peut parler des courses ? Concernant les courses, ya quelques éducateurs qui font comme sils étaient chez eux. Par exemple, un jour on a fait une liste, et quand léducatrice est arrivée elle a laissé la liste quon avait écrit et elle a acheté ce quelle voulait, et maintenant il parait quil nous reste plus assez de budget, mais elle, elle a acheté ce quelle voulait, de la crème fraiche, du café, pourtant il y avait déjà du café, mais elle en a racheté au lieu dacheter ce que nous on avait écrit. Elle a acheté ce quelle voulait, parce que cest elle qui fait les courses ici. Ya beaucoup de choses quils achètent [les éducateurs], bon, si tachètes et que tu fais la cuisine pour nous, si on ta dit que cest bon, alors on peut accepter, mais si on mange pas ce que tu cuisines, cest pas acceptable.</p>
<p><img alt="Tu le manges quand même c'est un plat français" src="../images/integration%203.jpg"></p>
<p><strong>R:</strong> Et vous allez jamais faire les courses vous-mêmes?</p>
<p><strong>P:</strong> Bien sûr, avant on allait faire les courses une fois par semaine, mais depuis le mois du Ramadan on a arrêté. Seulement hier on est retourné faire des courses, on est parti tous les trois, on a fait une liste, et un éducateur nous a dit quon navait plus de budget et quon devait faire attention. Quand on est allé au supermarché on a compté. Jai dit à léducateur qui était venu avec nous, trente-cinq euros pour finir le mois, on ne peut pas acheter tout ce quon veut, donc jachète, et si le budget finit tu dis au chef que ce mois-ci on a dépassé le budget, pour quil puisse compter sur le mois prochain. Il a dit « non, je vais me faire engueuler par le chef ». Moi jai laissé le chariot sur place et je suis rentré à la maison. En rentrant il ma crié dessus, il ma dit que je métais mal comporté avec lui.</p>
<p><img alt="Tu le manges quand même c'est un plat français" src="../images/integration%204.jpg"></p>
<p><strong>X:</strong> Ici on a 150€ par mois pour la nourriture, par personne [ils sont six], et à part Z. qui amène sa nourriture à la maison, les autres ils mangent ce quil y a dans le frigo. Si quelquun vient et ne cuisine pas, il ne devrait pas manger avec nous. Mais si la personne cuisine, elle peut manger avec nous, cest donnant donnant. Est-ce que vous êtes ici pour cuisiner ou est-ce que vous êtes ici pour manger notre argent ? Sils cuisinent ça peut aller. Quand L. a dit quon navait plus dargent ça ma étonné, parce quon nest pas allé faire les courses depuis le Ramadan, cest les éducateurs qui amènent à manger. On na pas pu acheter pour 900€ de nourriture en deux semaines, cest pas possible.</p>
<p><strong>R:</strong> Est-ce que vous allez aussi au Secours Populaire ou aux Restos du Cœur pour les courses ?</p>
<p><strong>P:</strong> Avant on partait, quand le budget de la nourriture cétait 900 euros, on partait chaque mercredi, et quand ils ont ajouté 100 euros sur le budget, ce qui fait 1000 euros, on nous a dit quon nallait plus aller là-bas. Jai dit daccord. Jusquà présent personne nest retourné là-bas parce que la déci-sion vient du chef. Nous on ne peut plus rien dire. On a même fait deux jours, il ny avait plus rien dans le frigo, on a parlé avec léducateur, il a dit quil pouvait pas aller faire les courses. Alors jai fait en sorte quon puisse avoir à manger, je crois que cétait la pomme de terre que javais fait, jai cuit les pommes de terre avec les œufs, cest ça que jai fait à manger. Il ny avait pas de poulet, il ny avait pas de riz, pas de couscous. Même jai parlé avec le directeur ici, à la réunion, il a dit quon pouvait faire une liste de courses mais ce que les éducateurs achètent on est obligé de laccepter. Il dit « si tout à lheure L. part acheter de la crème fraîche, et si toi tu naimes pas, tu le manges quand même, cest un plat français. »</p>
<p><img alt="Tu le manges quand même c'est un plat français" src="../images/integration%205.jpg"></p>
<p><strong>R:</strong> Et vous en pensez quoi quand ils vous disent des trucs comme «Il faut manger français, cest important pour votre intégration» ?</p>
<p><strong>P:</strong> On peut manger des plats, de la nourriture française, quand nous sommes arrivés cest ce quon mangeait, puisquon navait pas commencé à préparer nous-mêmes à manger. Cest les éducateurs qui préparent à manger, mais nous aussi on veut essayer de faire des trucs, laissez-nous tranquillement faire notre truc, on se met à laise et ça passe. Nous on veut juste pouvoir faire nos courses, et eux [les éducateurs] ils sont là pour signer les reçus, même pas pour payer avec leur argent, pour signer le reçu seulement. Après on revient à la maison. Cest ce quon veut.</p>
<p><img alt="Tu le manges quand même c'est un plat français" src="../images/integration%206.jpg"></p>
<p><strong>R:</strong> Ya dautres choses que vous navez pas le droit de faire ici ?</p>
<p><strong>P:</strong> Un jour un ami ma envoyé de la semoule de manioc, que nous on appelle en Côte dIvoire de lattiéké, quon mange beaucoup avec la main, jamais avec une cuillère, même les riches ils mangent avec la main. Ce jour-là jai fait de lattiéké, avec des haricots, des œufs, et on a mangé avec A. [un jeune pris en charge par lassociation]. On était à laise, on mangeait, et moi mon plat était un peu caché, parce quun éducateur était là mais il voyait pas, et quand il est rentré dans la cuisine il a vu A., et il a commencé à dire « Mais quest-ce que tu fais ? » Moi je parlais pas, je mangeais, et léducateur a commencé à crier sur A., « Les gars ça se fait pas ici, on na pas le droit de manger avec la main. » Il a continué à parler, mais moi à un moment jai pris la parole et on sest engueulé. Il a dit « et si Emmanuel Macron il arrive tout à lheure, est-ce que tu mangeras avec la main? » Jai dit « il est où Emmanuel Macron? Je sais que la France cest pour toi, mais la Côte dIvoire cest pour moi, je mange avec la main, tu peux pas me forcer à manger avec une cuillère », parce quon est chez nous ici, même si cest pas chez nous, on dort ici, on mange ici, on fait tout ici, donc cest chez nous. Il me dit « Et si on te voyait dans un restaurant ? » Je lui dis « Déjà moi jaime pas aller dans les restaurants, jaime pas, je préfère manger chez moi, à laise, tranquille, je bois mon eau et jai fini. » Avec un repas au restaurant ça me fait deux semaines de courses à la maison, donc chez moi cest mieux. Après dautres éducateurs sont arrivés et nous ont dit quon ne pouvait pas manger avec la main. Nous on a dit, « quand on mange, allez dans le bureau, fermez le bureau, et laissez-nous manger dans la cuisine. Vous êtes là pour travailler avec nous, pas pour venir faire votre loi comme vous faites avec vos enfants. » Ca sest passé comme ça avec eux. Après le chef est venu, il a essayé de nous obliger à manger avec une cuillère ou une fourchette, il a dit « parce que quand vous allez commencer votre apprentissage, vous allez manger avec des collègues, et si vous mangez avec votre main... » Jai dit « Déjà jai pas encore commencé lapprentissage, et quand je commence, si je vois que tous mes amis ont des cuillères, moi aussi je vais prendre une cuillère, je vais pas manger devant eux avec ma main. Mais ici je suis chez moi cest pour ça que je mange avec la main. » Si jai envie de manger avec ma main, je mange avec ma main. Tout est comme ça ici. Hier jai dit au nouvel éducateur, « Ici je vis dans une petite prison. Je vis dans une petite prison. »</p>
<p><img alt="Tu le manges quand même c'est un plat français" src="../images/integration%207.jpg"></p>
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<p>On aimerait bien que d'autres personnes écrivent, parlent, témoignent dans les prochains numéros. Si vous avez des questions ou des propositions vous pouvez nous contacter à l'adresse : <em>revue.ravages@proton.me</em></p>
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<p>Cest pour rire...
l&#160;<a class="footnote-backref" href="#fnref:1" title="Jump back to footnote 1 in the text">&#8617;</a></p>
<p>Cest pour rire...&#160;<a class="footnote-backref" href="#fnref:1" title="Jump back to footnote 1 in the text">&#8617;</a></p>
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<h2 class="entry-title">Refoulements violents à la frontière greco-turque : récit d'une dérive européenne</h2>
@ -37,6 +38,7 @@
<p>LUnion européenne, obsédée par la théorie paranoïaque de lappel dair, mène une politique dexternalisation de ses frontières depuis maintenant presque dix ans. Pour tenter de paralyser les passages migratoires, lUnion a signé des accords avec les pays voisins, comme avec la Turquie, en 2016, qui est alors devenue un véritable sous-traitant du droit à lasile, et procède depuis à laccueil des personnes qui arrivent sur son territoire.</p>
<p>Nombreuses sont les personnes qui osent tout de même la traversée, par voie terrestre ou maritime, vers lEurope. La frontière gréco-turque est depuis devenue un lieu sinistre où les exilé.es sont soumis.es aux règles dun ping-pong meurtrier et confronté.es, dannée en année, à toujours plus de monstruosités : «encampements», travaux forcés, mois dattente puis de renvois, tentatives de traversée ratées, violences physiques et psychologiques, manque de sommeil, de nourriture et de soins.</p>
<p>Au paroxysme de cette politique migratoire violente et violatrice des droits les plus fondamentaux se trouve le recours quasi systématique aux refoulements, ou « pushbacks ». Pour répondre à nos questions sur cette pratique, nous avons contacté Marion, avocate au Legal Centre Lesvos (LCL) en Grèce.</p>
<p><img alt="fill1" src="../images/fill%201.jpg"></p>
<p><strong>Ravages: </strong> Depuis quand les pushbacks existent-ils en Grèce ?</p>
<p><strong>Marion :</strong> Cest une pratique bien connue depuis le début des années 2000 à la frontière terrestre dans le nord de la Grèce. Pour les renvois en pleine mer, avant 2020 cétait plus rare, on avait seulement connaissance de quelques épisodes isolés. Une fois la pandémie [de COVID] déclarée, les autorités grecques en ont profité pour instaurer cette nouvelle pratique de refoulements illégaux et clandestins. Avec des durcissements législatifs successifs du droit dasile survenus en parallèle, cest clairement devenu la norme.
En Grèce, la frontière terrestre dEvros étant une zone militarisée fermée au public, les ONG nont pas daccès officiel, et cest difficile de savoir ce qui sy passe. Le même problème se pose pour les refoulements en mer Egée, ou les opérations de recherche et sauvetage sont interdites aux ONGs. On a donc mis un peu de temps avant de comprendre le phénomène des refoulements qui est devenu systématique et généralisé.</p>
@ -49,15 +51,18 @@ Une fois localisées par les autorités, elles sont forcées par des hommes arm
<p><strong>M : </strong> Il est compliqué davoir une réponse précise, car les hommes sont en principe cagoulés et habillés de noir, sans matricule ni signe distinctif. Ils opèrent toutefois depuis, ou avec des bateaux des garde-côtes grecs. Ce sont vraisemblablement des agents au service des garde-côtes, ou des gardes eux-mêmes. Ils sont méthodiques et armés. Pour gérer de nombreuses personnes en mer, il faut être bien entraîné. A la frontière terrestre, certains témoignages relatent la présence de la police grecque. Dans ces zones frontalières, plusieurs jeunes grecs, en devenant gardes frontières, voient un moyen de bien gagner leur vie et de trouver un emploi stable. Comble du cynisme, à Evros, les autorités grecques exploitent des personnes migrantes pour organiser les pushbacks et repousser les exilés sur la rivière Evros du côté turc.</p>
<p><strong>R: </strong> Et avec quel argent ?</p>
<p><strong>M : </strong> On a déjà entendu la commissaire à lUnion européenne Yvla Johansson dire que la Grèce doit être « le bouclier de lUnion ». Elle réagit toujours après les publications darticles accablants sur le sujet des pushbacks en Grèce, mais au final rien ne bouge et rien ne change. Donc pour le Legal Centre Lesvos, cest évident que lUnion européenne valide ces pratiques, autant par le manque de positionnement clair que par le financement direct attribué aux opérations aux frontières. Chaque année, des millions deuros sont alloués pour les interventions aux frontières en bateaux, drones, radars, caméras infrarouge, caméras thermiques et autres technologies toujours plus sophistiquées… Et tout cela sans compter largent dédié à lagence Frontex5 ! Cest donc difficile de croire que lUE nest pas complice... Largument de lEtat souverain gardien de ses frontières a alors souvent bon dos pour dire que cest aux Grecs de ré-agir, mais lUnion Européenne demeure en grade partie le trésorier de ces pratiques. Ces politiques sont donc indirectement payées par nous toustes...</p>
<p><img alt="Monstres en mer" src="../images/monstre_plein.jpg"></p>
<p><strong>R: </strong> Quelle est la stratégie du Legal Centre Lesvos, en sachant que votre terrain daction est celui du plaidoyer et du combat juridique ?</p>
<p><strong>M : </strong> Les actions intentées devant les tribunaux nationaux grecs étant systématiquement classées sans suite, sans que des enquêtes indépendantes et sérieuses ne soient menées, nous avons été for-cé.es de saisir la Cour Européenne des Droits de lHomme (CEDH) pour tenter dobtenir une prise de position officielle dune institution, et surtout une réparation pour les victimes. 32 demandes, incluant deux cas représentés par le Legal Centre Lesvos, ont été communiquées à la Grèce en décembre 2021, et sont actuellement en attente dune décision. Dautres plaintes ont été déposées mais nont pour linstant toujours pas été étudiées, malgré les preuves déposées, sans que nous sachions pourquoi. Largumentaire juridique dans ces cas est majoritairement basé sur larticle 2 de la Convention Européenne des Droits de lHomme mise en danger de la vie dautrui , larticle 3 traitements inhumains, dégradants et tortures , et larticle 5 détention arbitraire. La Grèce est le seule pays de lUnion européenne qui na jamais ratifié le protocole 4 de la Convention consacrant le principe dinterdiction des refoulements et linterdiction des expulsions collectives ce qui, de fait, exclu une condamnation sur ce seul fondement.</p>
<p>Nous espérons une « décision position » de la CEDH, mais ne sommes tout de même pas certains que cela mènera à une amélioration de la situation aux frontières. Dans dautres affaires, nous avons déjà vu la Cour justifier les pratiques de refoulement en invoquant le fait que les personnes en migration doivent utiliser les « points dentrée officiels » pour demander lasile. Cet argument est toutefois inopérant : le deal signé entre lUE et la Turquie est justement fait pour que les Turcs retiennent les personnes exilées sur leur territoire et les empêchent de venir en Europe. Ces points dentrée, cest pour les touristes et les achats de cigarettes moins chères, aucune chance dy demander lasile. La plupart des plaignant.es que nous représentons ont depuis réussi à migrer dans dautres pays de lUE et ont été reconnu.es réfugié.es là-bas. Il est primordial de continuer de dénoncer ces méthodes illégales aux frontières malgré la pression accrue sur les ONGs et le monde militant. La Turquie et la Grèce instrumentalisent au maximum le sujet chacune de leur côté. En Turquie, certaines institutions publient et dénoncent le traitement grec des personnes en migration. Elles tentent de calculer le nombre de pushbacks et déplorent publiquement que la Grèce financée par lUE gère si mal ses frontières. La Grèce quant à elle, dans son discours affirme quil sagit de la propagande dErdogan. La vieille rengaine entre les deux pays… et pendant ce temps rien ne change! Il faudra certainement encore des années dinvestigations et de dénonciation pour arriver à faire bouger la pratique, si une autre, encore plus dramatique, nest pas inventée dici là. La prochaine piste à explorer est de tenter de faire qualifier les pushbacks en tant que crimes contre lhumanité, et de se battre sur le terrain pénal.</p>
<p><img alt="Fill plantes" src="../images/fill%202.jpg"></p>
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@ -50,6 +51,7 @@
<p>Nous opposons assez facilement à limage de montagne-frontière celle dune montagne-refuge, un récit qui sappuie sur limaginaire montagnard, et quelques formules de bon sens : « on nabandonne pas quelquun en montagne » ; « en refuge, on ne laisse personne dormir dehors, quitte à dormir sur et sous les tables », etc. Si ce récit peut correspondre à une certaine réalité, il comporte également un certain nombre de dangers. En ne nommant pas les violences racistes et sécuritaires qui rendent ces « refuges » nécessaires, il empêche de sattaquer aux problèmes de fond. Il fait aussi de la montagne un territoire dexception par rapport aux autres territoires, alors même que, par principe, la liberté de circulation devrait être défendue partout.</p>
<p>La mise en spectacle de lhospitalité et des maraudes crée dautre part une figure de héros-solidaire dont dépendent les personnes en exil pour arriver à bon port. Cest-à-dire quon naturalise lidée selon laquelle les « solidaires » seraient indispensables aux personnes en exil, ce qui revient à les priver de leur capacité daction et de leur autonomie. On recrée ainsi une situation de domination, dans laquelle le héros-solidaire confisque le pouvoir au lieu de contribuer à lémancipation des personnes quil prétend aider.</p>
<p>Comment alors faire exister des récits qui permettent lémancipation des personnes en exil, et démontent les structures racistes ? A lévidence, la première chose à faire est de rendre visible la ségrégation raciste que produit la frontière, et que les autorités cherchent à cacher. Reste ensuite à imaginer, et diffuser, des imaginaires territoriaux qui favorisent lémergence despaces et de structures sociales émancipatrices.</p>
<p><img alt="chez Marcel" src="../images/chezmarcel_plein.png"></p>
<h3>ON NE DIT PAS DES HERBES SAUVAGES QUELLES FORMENT DES FORÊTS !?<sup id="fnref:4"><a class="footnote-ref" href="#fn:4">4</a></sup></h3>
<p>Lidée que tout le monde puisse circuler et sinstaller où bon lui semble peut paraître aussi absurde que le titre de cet article. Pourtant, lexpérience montre quil peut exister des structures sociales et des modes dorganisation collectifs qui permettent aux personnes exilées dêtre dans une posture dacteur.ices et de regagner de lautonomie. Des structures dans lesquelles la notion « détranger.e » ne fait que peu de sens et celle de « personne accueillie » est rapidement remplacée par celle de « cohabitant.e » ou de « voisin.e ». Comment seulement faire que ces possibles émancipateurs remplacent les conceptions racistes dans les imaginaires et les récits territoriaux ?</p>
<p>Lutter pour lémancipation individuelle et collective cest redonner le pouvoir dagir aux personnes qui en ont été privées : un pouvoir dauto-détermination, mais aussi et surtout un pouvoir dagir politique. La politologue Fatima Ouassak, comme dautres théori-cien.nes de la pensée décoloniale, montre que rien de cela ne peut se faire sans laisser aux personnes exilées un « accès à la Terre », et la possibilité de vivre où elles le souhaitent. Souvent considérées comme des sources dinsécurité potentielles, les personnes immigrées ou considérées comme telles ne sont presque jamais associées aux choix politiques ou urbanistiques impactant leurs lieux de vie. Les politiques locales mises en place par messieurs Murgia ou Hermitte sont une déclinaison locale de la politique sécuritaire en œuvre au niveau national : elles cherchent, presque explicitement, à faire du Briançonnais un territoire inhabitable pour toute une partie de la population. Les personnes exilées sont par défaut exclues, exceptionnellement tolérées, mais uniquement dans des lieux prévus à cet effet, qui incarnent limaginaire de la « bonne solidarité »; des lieux dans lesquels on peut être « accueilli », mais où on ne vit pas. Si lon suit la proposition de Fatima Ouassak, lenjeu nest pas doffrir aux personnes exilées un retour à la Terre au sens écolo-privilégié de lexpression, mais de leur rendre la possibilité dhabiter, comme elles veulent, et où elles veulent.</p>
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@ -85,6 +86,7 @@ Mais il faut pouvoir contrôler. Parce que un peu ça taide trop. Tu en prend
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